"Le monde maléfique des Lucriens : les commentaires"

Je cours le long de la rivière qui borde le parc, regardant avec désespoir le petit corps qui suit le courant.
Je me rends compte avec horreur que ce cour d’eau abouti dans un trou.
Je saute. Le froid m’atteins si violement que ma tête semble être prise dans un étau. Ce n’est pas le moment de se faire une hydrocution, aller ressaisis-toi !
Je me dirige avec maladresse jusqu'à mon petit frère et le maintiens fermement, la tête hors de l’eau. Je tente de nager, il faut au moins qu’un de nous deux sorte de là. Lui surtout. J’ai été incapable de m’en occuper deux minutes. Je m’en veux tellement ! J’ai beau lutter, cela ne sert à rien.
Je hurle -dans la mesure du possible- en sentant mon corps descendre en chute libre.
Au bout de quelques minutes, tout semble s’être calmé, j’ai pied. Où sommes-nous ? C’est donc là que mène ce fichu trou ? Il fait si sombre… Mon frère grelotte dans mes bras. Je le pose sur le sol, et le frictionne. Ses lèvres virent vers le bleu. Je me déshabille et étends mes vêtements à ses cotés. À son réveil, ils seront à peine humides, il pourra les mettre. J’ai tellement peur de ne plus être vivante quand il sera debout. J’entreprends donc d’écrire avec ce qui me tombe sous la main, c'est-à-dire, un bout de carton mouillé et un bout de bois pour graver dessus.

« Pour retrouver la maison, Il te suffit de remonter ce cour d’eau à pieds, passe par le trottoir, pour accéder au bord de la rivière, ne tombes pas ! Ensuite, va jusqu’au parc et dis que tu es parti de la maison, que tu ne sais plus où elle est, voici notre adresse :
Avenue Henliop Comming, Residence Pietroli, Immeuble F8 étage 7
Mr et Mme Tiorpis.
N’oublie pas de dire ton âge et ton prénom.
N’essaie pas de me réveiller, je te rejoindrais si je peux.
Tu es un grand maintenant, tu as su lire ces lignes et tu vas retrouver papa et maman, je t’aime mon amour, embrasse les parents de ma part.
Je t’aime Ghulien, je t’aime, je vous aime tous.
Jaleïe »

J’ai enfin fini d’écrire, et je suis à présent toute essoufflée, alors, trop épuisée pour résister, je me laisse mourir en déposant avant un dernier baiser sur les jours rondes et glacées de mon frère, je prends mon tee-shirt et mon jean et lui dépose dessus pour qu’il n’ai pas froid, je suis en sous-vêtements, mais peu m’importe à présent puisque pour moi c’est la fin.

J’erre dans les sous-sols sombres et humides de la ville. J’attends la nuit pour me nourrir. J’avance en silence. Soudain, j’entends bouger. Je m’arrête, les sens en alertes. Il y a quelqu’un. Je m’avance à pas de loups et découvre une jeune fille. Elle doit avoir une quinzaine d’années. Je ricane, mon rire résonne, elle se retourne mais ne me vois pas, pauvre humaine ! Elle ne sait donc pas qu’il va mourir et qu’elle ne peut rien y faire ? Amusé, je l’observe un moment, s’acharner contre la mort. Il respire, drôlement douée celle-là ! Elle prend à présent un bout de bois et écrit avec sur un carton mouillé. Elle dépose dans les mains du petit la missive et se déshabille. Je la fixe étonné. Je ne pense pas qu’elle ait l’intention de prendre un bain ici, en plus elle est déjà trempée. Finalement, elle recouvre l’enfant avec. A présent en sous-vêtements elle s’allonge. Elle sait se sacrifier celle là, elle me plaît.