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| Holes - Ethan J. Hawkins | |
| | Auteur | Message |
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Ethan.J.Hawkins Tempête
Messages : 334 Réputation : 8 Date d'inscription : 03/04/2011 Age : 35 Localisation : Carcassonne
| Sujet: Holes - Ethan J. Hawkins Lun 3 Oct - 0:43 | |
| Holes
Première Partie
1. « Le vrai tombeau des morts c'est le cœur des vivants. » Jean Cocteau La lumière de l'aube traversait la baie vitrée. David, affalé sur le parquet humide, ouvrit un œil lorsqu'un des rayons du soleil vint à lui effleurer le visage. Sa peau semblait pâle et déshydratée. Il tenta de se relever lorsque la douleur lui provoqua un rictus. Et de ses jambes maigrelettes, il souleva tout son corps lourd et fébrile. Dans sa plus grande incrédulité il analysa tout dabord l'endroit dans le quel il se trouvait. Jamais encore il n'avait vu un pareil appartement. Tout était grand et lumineux. Rien ne manquait, comme si chaque petite parcelle de chaque m² avait été soigneusement analysée pour qu'au final, tout l'ensemble de cet espace paraisse luxueux. On y trouvait toute sorte de décoration, passant de l'art contemporain à une ensemble de tableaux très anciens. Certains d'eux paraissaient avoir été dessinés par des âmes tristes. On y voyait des paysages morts, sombres et lugubres ou encore des visages dénués de sentiments qui semblaient avoir étés persécutés par une vie trop dure. Une télévision se trouvait à coté de l'un d'eux, contrastant une certaine harmonie. David fit quelques pas dans le salon avant de se hâter vers la sortie. Une porte en bois se dressait devant lui. Il inspecta dabord à travers le judas et y trouva un couloir sans fin, tapissé de rayures grises sur un fond blanc. Il tenta ensuite d'ouvrir la porte en gardant des yeux ce long couloir, mais en vain. La porte ne s'ouvrait pas. David insista mais rien, elle restait verrouillée. N'insistant pas davantage, il regagna le salon d'où il s'empara d'une vue surprenante, plongeant sa tête à travers les longues baies vitrées. Il n'y avait aucun doute, il se trouvait à Chicago. Soulagé de savoir qu'il n'avait pas bougé de sa ville. Tout semblait si différent de cet angle. Jamais il n'était monté à une pareille altitude. Tout y était si beau. Le reste de l'appartement était aussi sans issue. Aucune chance de sortir, David y était bloqué, résolu à trouver une sortie avant qu'il en devienne fou. En examinant le reste des pièces, il trouva dabord un couloir qui donnait sur une chambre ainsi qu'une pièce comportant la salle de bain et les toilettes. Une autre pièce, beaucoup plus petite que les deux autres, était entièrement vide. Elle devait probablement servir de rangement pour les appareils ménagers. Puis une chose le frappa, un détail qu'il n'eut pas remarqué la première fois, un peu comme si ces trous s'étaient formés pendant qu'il se promenait à l'intérieur de toutes ces pièces inhabitées. Des trous de la taille d'une balle de tennis étaient plantés là, de part et d'autre du mur. Mais pas seulement celui du couloir. Il y en avait aussi sur ceux de la cuisine, au dessus de la table de travaille et en angle avec la porte d'entrée. Le salon en était aussi couvert, arborant chacun une place stratégique, dessinant une ligne imaginaire courbée. David inspecta l'intérieur du premier qui lui venait et y trouva seulement de l'obscurité. En criant à l'intérieur (ou plutôt en imitant une toux grave accentué d'un O), il eut l'impression d'entendre sa voix résonner de l'autre bout dans un léger écho. Il attendit quelques secondes mais aucun son n'apparut en retour, ce qui lui aurait apporté la preuve qu'il n'était pas seul. La solitude était une chose qui commençait vraiment à l'angoisser, en plus du fait d'avoir été enfermé dans un lieu inconnu par Dieu sait qui. Il s'assit sur le canapé en cuir noir qui faisait angle avec le mur et s'enfonça en arrière, jusqu'à poser ses jambes sur la table basse qui se trouvait en face de lui. Inspirant profondément (les yeux clos) David se mit à réfléchir. Selon ses propres dires, tout avait une raison logique, rien ne se faisait par hasard. Voilà par quoi il commença son analyse. Premièrement... Où étais-je hier soir ? Ses souvenirs se limitèrent à une personne : Amanda Harris, avec qui il travaille depuis de nombreuses années, et avec qui il s'est lié d'une amitié incertaine. Mais cela n'était pas suffisant. Amanda n'était ni le problème, ni même la solution de sa présence ici... Il lui fallait donc chercher à nouveau. Deuxièmement... Ses pensées étaient troubles et brouillés. Il se massa les tempes dans l'espoir d'un nouvel indice. Donc... Je devais sûrement être avec elle avant de me retrouver ici. Si seulement je pouvais me souvenir du lieu où nous nous trouvions. Le salon – se trouvant en plein sud – se fit frapper par une forte chaleur dû à un soleil chaud d'été. Une horloge tournait au dessus de la télévision et indiquait quatre heures passées. La température intérieur devait dépasser les 28 degrés. Il était impossible de réfléchir correctement dans une chaleur pareil et David se résigna, s'affalant davantage sur le canapé, un œil sur l'horloge. Puis son regard scruta l'intégralité du salon, cherchant un indice qui aurait pu lui échapper la première fois, un peu comme pour les trous dans le mur. Balayant tous les recoins d'un œil affuté, il s'arrêta à nouveau sur l'horloge puis baissa son regard. Mais bien sûr ! Pourquoi n'y ais-je pas pensé avant ?! Il s'avança vers la télévision et l'alluma. Peut-être que si ma disparition a frappé quelqu'un, ils en parleraient aux Infos. Mais il n'arriva pas à trouver la moindre chaîne. L'écran resta enneigé sous la déception de ce dernier, pensant avoir trouvé une solution pour s'en sortir. Il baissa les bras un instant, et se laissa emporter par la chaleur, toujours sur ce canapé en cuir noir. Le soleil frappait son visage et ses yeux se fermèrent doucement jusqu'à se perdre dans ses rêves.
La nuit tombait. David émergea doucement de ses rêves. A la longue, le canapé sur le quel il était allongé en position du fœtus, n'était plus aussi confortable qu'il le pensait. En se levant il sentit des courbatures lui venir dans l'intégralité du corps. Tient, il fait déjà nuit, analysa-t-il en jetant un œil par dessus la vitre. Il était dix heures moins vingt selon l'horloge. Il tenta par désespoir de rallumer la télé mais toujours rien ne venait à l'image, le laissant perplexe. Pourquoi mettre une télévision si elle n'est même pas foutue de fonctionner ? Ca ne l'avançait pas plus. Il arrêta néanmoins de trifouiller cette télé lorsqu'un bruit résonna dans le couloir. David accouru jusqu'à la porte et précipita sa vue devant le judas qui lui montrait un couloir toujours aussi vide. Peut-être l'avait-il imaginé. Faut dire qu'il n'avait pas mangé depuis plusieurs heures. Ce qui lui semblait d'autant plus étrange, c'est qu'il n'en ressentait pas le besoin, ni même de s'hydrater en buvant un grand verre d'eau (ce qui aurait dû lui sembler vitale par une chaleur pareille). Peut-être que le stress et l'angoisse lui avaient coupé toute envie. Un nouveau bruit retentit et cette fois, David était prêt à réagir aussi vite. Il inspecta à nouveau et rien ne se manifestait. Sauf une lumière qui n'y était pas juste avant. A droite du couloir, une longue rangée de portes identiques surplongeaient toute l'allée. Et l'une d'entre elle, non loin de la sienne, laissait percevoir de la lumière. Il n'était donc pas le seul à cet étage. Cette pensée le rassura et le terrifia à la fois. Et si son ravisseur n'était lui aussi pas très loin... Des gouttes de sueurs parcourues sont front chaud. Il ne pouvait pas rester ici une minute de plus. Si seulement un plan de secours s'offrait à lui... Un silence insondable régnait à présent dans la pièce. Lorsqu'on se plaint de voisins trop bruyants, on ne s'imagine pas vivre aux côtés d'appartements vides. Jamais il n'était resté aussi longtemps sans compagnie. David était du genre à vivre dehors, entre son boulot qui n'en finissait jamais et les sorties nocturnes dans les coins branchés de la ville. Puis une pensée lui traversa l'esprit. Peut-être était-il encore fourré dans un de ces nombreux bars qu'il avait l'habitude de fréquenter. Il devait se trouver avec Amanda et ils auraient sûrement passé la nuit ensemble. Mais David bloquait encore à ce niveau. Amanda n'y était pour rien, c'est une certitude pour lui. Et s'ils étaient ensembles, ils devraient l'être encore à l'heure qu'il est, tous deux enfermés dans ce drôle d'appartement. Si seulement elle était là... pensa-t-il en s'imaginant en ce moment même à ses côtés, parcourant des mains son corps émincé. Sa seule présence lui suffirait à ne pas devenir fou. Tout devenait étouffant. Il avait fortement besoin du réconfort d'une personne, quelle qu'elle soit. La dernière fois qu'il eut ressenti ce besoin, si c'est bien la seule fois d'ailleurs, ce fut après l'accident de son épouse, Karol. Tout ce qu'il sut de ce soir là, c'est qu'elle rentrait de boîte avec deux de ses amies, avec quelques grammes d'alcool dans le sang. C'était Amy qui conduisait. Selon le rapport de l'officier Cameron, elle n'avait pratiquement rien bu. Une fois passé le carrefour qui donnait sur l'avenue d'où se trouvait cette boîte branchée de la ville, un chauffeur de camion – ce genre de type à rouler à toutes heures de la journée – n'avait pas fait attention au stop. L'accident était imminent. Karol fut la seule à s'en sortir. Lorsqu'on perd une personne chère à notre cœur dans un accident de voiture, on prend vite le réflexe de toujours mettre sa ceinture de sécurité, quelle qu'en soit la distance. Ca lui aura sauvé la vie mais maintenant elle est plongée dans un coma profond, branchée à des tas de câbles, attendant le jour où ses yeux s'ouvriraient à nouveau. Il eut souvent pensé aux premiers mots qu'il lui dirait le jour venu, mais six ans passèrent depuis l'accident et les chances de la revoir s'étaient vite estompées. Si elle venait à se réveiller, il commencerait déjà par s'excuser. La seule personne que David désirait à cet instant, ce fut encore Amanda, plongé dans un phantasme purement charnel. Aucune passion, aucun amour, juste du désir. Voilà tout ce qui l'intéressait. Il lui fallait trouver une nouvelle issue. Si quelqu'un avait voulu l'enfermer volontairement, il lui aurait laissé quelques indices à son sujet. Ce n'était peut-être qu'un malentendu après tout. Un concours de circonstance qui sait... se dit-il, toujours perplexe. Il réfléchit. J'ai donc passé la soirée avec Amanda. J'ai dû l'inviter à boire un verre après le boulot. Jusque là, tout était bon. Ses certitudes étaient fondées, mais il lui fallait creuser davantage. Amanda n'est pas une personne comme moi, elle aurait refusait de sortir en semaine. On était donc vendredi soir. Il est vrai qu'étant mère d'un enfant, elle avait quelques responsabilités. Son ex mari avait la garde tous les week-end. Amanda pouvait donc souffler pendant ces deux jours et profiter de sortir. Nous voilà donc samedi. Et d'ici moins de deux heures nous serons dimanche. Le temps passe vite, même enfermé... Il tenta ensuite de se souvenir de leur fin de soirée. Est-ce qu'il l'a raccompagnée chez elle ou au contraire, se sont-ils rendus tous deux à son domicile ? Mais rien ne lui revenait. Aucuns détails. Il décida néanmoins de fouiller ses poches. Après tout, quel homme n'a pas les poches rempli de bazars ? Sans sac-à-main à notre disposition on fait avec les moyens du bord. Il farfouilla donc dans toutes ses poches de jeans et en sortit quelques affaires. Puis il s'attaqua à celles de sa veste. Il réunit ensuite tout les objets sur la table qu'il éparpilla en désordre avant d'analyser si ça pourrait l'aider ou non. Un paquet de tic-tac à la menthe, son porte-feuille – comportant carte bleue, pièce d'identité, trente-cinq dollars en billets, et d'autres cartes de réductions provenant de toutes sortes de magasins chics – ainsi qu'un trousseau de clef (provenant de sa maison), un paquet de Chesterfield, un briquet à clipper et un téléphone portable. Bingo ! Il ouvrit le clapet de son téléphone pour appeler enfin de l'aide. Malheureusement, aucun réseau n'était disponible. Il tenta de l'approcher de la vitre, espérant ainsi avoir du réseau, puis le leva en l'air en tournant ainsi bêtement dans toutes les pièces de l'appartement. Mais rien. Toujours aucunes barres n'étaient présentes. Il retourna dans le salon et le balança violemment sur la table. Son paquet de Chesterfield était encore devant lui et se servit une clope qu'il alluma aussitôt. Après avoir soufflé quelques bouffées de sa cigarette, David se laissa porté à nouveau par le confort du canapé, s'allongeant de tout son long. Les heures passèrent et la nuit était toujours présente. Aucun bruit, aucun murmures pour le réveiller. David dormait paisiblement. L'endroit était entièrement clos, sauf une brise d'air qui parcourait la pièce. Ca lui était tout particulièrement agréable. Le souffle lui parcourait le visage. David ouvrit soudain un œil, gêné par de la lumière. Il se tourna, changeant ainsi de position mais cette luminosité fluorescente continua de le déranger. En ouvrant les yeux, le choc fut prodigieux, le propulsant hors du canapé. Son sursaut lui coupa le souffle. Une chose fluorescente se tenait derrière la vitre, planant dans les airs, un peu comme un oiseau mais sans avoir à se servir d'un quelconque système de planage. La chose restait en lévitation, d'une manière immobile qui lui donna la chair de poule. Les deux êtres se fixaient, immobiles, défigurant l'un de l'autre. Son pou – après avoir battu la chamade jusqu'à à sentir son coeur atteindre l'explosion imminente – atteignit un rythme plus lent. Sans savoir si cette chose avait un effet soporifique, David se sentit calme et serein. Il continua de le fixer mais la chose finit par lui tourner le dos et repartit, intensifiant sa luminosité dans l'obscurité de la nuit. David n'en revenait pas de ce qu'il venait de voir. Tout n'avait plus aucun sens ici. Les choses et événements qui lui arrivaient ne tenaient pas la route. Il se sentait dépassé et examina à travers l'immensité de la ville. Tout y était éclairé. De cet angle, Chicago ressemblait à un énorme panneau publicitaire comme on en voit pleins à Las Vegas mais en plus abstrait. Plus bas devant lui, se trouvait un immeuble du même style que celui où il se trouve (se demanda-t-il, intéressé). Dans un des derniers étages, une fenêtre était encore éclairée, ce qui l'étonna vu l'heure tardive qu'il était. Mais il ne vit personne.
Plus le temps passait et plus David se sentait oppressé. Les pièces semblaient se rétrécir. L'atmosphère en devenait irrespirable. Les heures passèrent, puis les jours, puis les semaines. La fin de ce cauchemar ne montrait pas encore le bout de son nez. Il ne savait que faire. Les premiers jours, quelques souvenirs lui revinrent. Il se souvenait néanmoins être passé voir son épouse à l'hôpital, qu'il lui a comme à son habitude tenu la main et prononcé quelques mots (comme si elle pouvait l'entre). Et est reparti ensuite, lui adressant un bisou sur le front. De la voir ainsi, ça le rendait mélancolique. Ce n'était pas la femme qu'il aimait. Karol était une personne tout particulièrement dynamique qui aimait les longues balades sous la pluie, sortir la nuit et se dépenser dans les salles de gym. Jamais il ne l'avait vu rester immobile aussi longtemps. Ce qui le marqua le plus, c'était le souvenir d'un de leur jeu coquin qui consistait à s'inventer un pseudonyme et de se lancer dans des histoires complètement loufoque. Il se faisait appeler Lord Jeoffrey Ackroyd et elle la Comtesse Jeanne Lockwood. Et ils s'amusaient tous deux à s'inventer une vie qui contait des aventures passant de l'adultère à un amour impossible. Un peu le genre d'histoire qu'on pouvait lire dans les œuvres du XIXe siècle. Aucun autre indice ne le conduisait jusqu'ici. Son portable dont le réseau resta toujours inexistant, finit par se décharger jusqu'à s'éteindre. Son paquet de Chesterfield ne contenait plus que trois cigarettes. Chose encore plus étrange depuis son arrivée, David n'eut rien mangé. La faim ne lui venait pas et son organisme avait l'air de s'en contenter, n'en éprouvant aucun manque particulier. Le troisième jours, la chose lui avait flanqué la trouille, ne trouvant rien à se mettre sous la dent. Il eut dabord pensé finir mort de faim au bout milieu de se salon, mais puis le temps passait et plus il se sentait toujours en bonne santé. Il pensa dabord à une sorte de virus qu'on lui aurait injecté, lui coupant l'envie de se nourri. Mais l'idée fut vite écartée, aussi grotesque était-elle. L'envie n'est pas le seul facteur à prendre en compte. Son organisme ne l'aurait pas accepté et il serait déjà mort à l'heure qu'il est. Puis il songea à un rêve. Si tout ceci n'était qu'un cauchemar. Il eut beau se pincer, se frapper, rien ne changea. Il était toujours coincé ici. Seconde hypothèse : Une simple hallucination. Dû sûrement à une drogue. Ce qui serait tout à fait possible. Les bars que David à l'habitude de fréquenter sont bourrés de gens louches, les poches remplis de cachetons pour jeunes minettes. Une de ces drogues a du tomber accidentellement dans son verre lorsqu'il était parti aux toilettes et maintenant il en subit les effets. Enfin... Peut-être aussi que le simple fait que j'en sois conscient puisse être contradictoire aux effets, pensa-t-il. J'en reviens donc au même point finalement. Voilà qui ne m'avance guère plus qu'au début. Il s'avança vers la baie vitrée et comme à sa triste habitude, il contempla cette vue qui le fascinait tant. C'était pour lui le seul lien avec le monde réel et il s'en délectait sans modération. Ces innombrables lueurs qui scintillaient en tout sens,prouvant une grandeur certaine de cette ville qui surpassait en bien des points toutes les autres. Il s'imagina sortir d'ici et de courir dans l'immensité d'une des rues, sentant l'air frapper son visage, se sentant à nouveau vivant. Mais ce n'était qu'un doux rêve. Il n'avait pas fait tout de suite attention mais en regardant mieux, il s'aperçut que l'appartement d'en face était encore éclairé. D'où il était, on apercevait seulement un salon dont seule la vue d'un canapé d'angle et d'une bibliothèque (rempli de ce qui pourrait être des babioles en plus d'une grande collection de livres) laissait croire que ça en était un. La pièce d'à côté qui elle était éclairée seulement par la luminosité de la télévision, semblait penser à une chambre. Rien ne pouvait être précis à cette distance. Mais il trouva cette endroit très coquet et chaleureux, sans se rendre compte qu'il était habité par une charmante femme. Elle se promena dans le salon, en sous-vêtement, un livre à la main. David l'observa, sans crainte d'être vu (personne ne pouvait le voir). La jeune femme reparti dans une autre pièce, non visible de là où se trouvait David. Il observa quelques minutes l'appartement de nouveau vide et elle réapparut. Elle venait d'enfiler un tee shirt, plutôt large, d'une couleur bleu clair qu'il avait semblé avoir identifié. Sa silhouette élancée lui fit perdre la tête, le laissant en pleine admiration. La longue chevelure frisée qui lui tombait jusqu'aux fesses donna à David l'impression de revoir une une femme qu'il eut aimé il y a bien des années. Une nageuse professionnelle qui rêvait de remporter toutes les médailles possibles. Leur amour ne dura pas longtemps, aussi précieux était-il pour lui. Ils étaient incompatibles, l'une vivant comme un poisson et lui qui souffrait d'aquaphobie. Cette peur ne lui apporta jamais rien de bien. Déjà en primaire, quand les cours de natations étaient obligatoire et que son père dû parler à son prof de gym – le terrible Mr Hycks et son sifflet qui en fit trembler plus d'un lorsqu'il venait à siffler – qui lui en fit baver par la suite. Toute sa classe riait de lui, pensant sûrement qu'il avait honte de porter un slip de bain bien trop moulant, ne voulant pas montrer une partie trop intime. Un complexe pensèrent-ils sûrement. Voilà que la jeune femme s'allongea sur ce qui semblait être son lit et zappa les chaînes du câble. Il réussit à déduire par la luminosité qui changeait d'intensité au grès des mouvements qu'elle exerçait avec son bras lorsqu'elle voulait appuyer sur les chaîne suivante de sa télécommande. Il ne pu dire pourquoi ni comment, mais une sorte d'alchimie venait de s'éveiller en lui, comme prit d'un coup de foudre instantané. Il pû ainsi la contempler des heures durant, sans avoir à s'en lasser. | |
| | | Ethan.J.Hawkins Tempête
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| Sujet: Re: Holes - Ethan J. Hawkins Jeu 9 Fév - 21:02 | |
| 2 Les jours continuèrent à défiler sans avoir un seul contact avec le monde extérieur. La solitude commençait à devenir quelque chose d'habituel pour lui, ne souffrant plus d'un manque quelconque. Mais la vie devenait affreusement monotone. L'ennui n'était plus un problème. Pour lui, c'était l'effet inverse d'une salle d'attente. Au début, on attend, patiemment, le sourire aux lèvres. Et plus les minutes passent, plus l'impatience est à son comble. Pour David, les premiers jours étaient atroces mais maintenant, il le vivait très bien. Faut dire qu'il était arrivé à un moment de son existence où il détestait sa vie et ce qu'il était devenu. C'est comme si ce changement lui avait permis de tourner la page. Mais d'une drôle de manière, soit dit en passant. Le paquet ne contenait désormais plus que deux cigarettes, la dernière étant fumée lorsqu'il se mit, un soir de pleine lune, à contempler cette douce lueur. L'extase eu un plus grand impact accompagné de quelques bouffées de cette Chesterfield. Il garda ses deux dernières dans l'espoir de revoir un moment unique à partager seul. N'étant pas un gros fumeur, David se conformait très bien à ce manque qu'il ne ressentit plus vraiment au bout de deux ou trois semaines. L'alcool par contre, devenait un manque beaucoup plus évident. C'était bien la seule envie qui lui restait à présent. Ca et... Le sexe sûrement. Danser nu, tout la nuit, enlacé à un corps étrangers, ne désirant plus que l'ivresse jouissif. Voilà le programme qui se serait déroulé si Amanda était avec lui. Chose à laquelle il avait tant espéré depuis son arrivée à Howl magazine, quand elle eut franchie la porte de son bureau en se présentant. Elle portait ce jour là un petit tailleur qui lui remontait bien au dessus de ses longues jambes fines et mattes. Une mèche de cheveux lui retombait sur les yeux, ce qui attisa son instinct de mal. Elle était vraiment belle et lui, la désirait de toute son âme. Sans savoir toute fois qu'ils allaient devoir travailler ensemble. Sans s'en rendre compte, le temps passait, et David avait plus l'impression de travailler avec une bonne amie plutôt qu'avec une nouvelle proie à se mettre sous la dent. Leurs liens se renforçaient de jours en jours. Pendant des semaines, des mois. Leur endroit fétiche – devenu rapidement un rituel incontournable après une longue journée de boulot – se trouvait tout en haut de leur immeuble. Ils aimaient s'y asseoir en buvant quelques bières tout en fumant des cigarettes. Où ils s'y retrouvaient après une soirée difficile. Ils savaient toujours quand l'un d'un s'y trouvait et n'hésitait pas à le rejoindre. Un bel endroit... Mais bien sûr ! Cria-t-il. L'idée lui apparut comme une évidence. Ce soir là, nous y étions. Elle était bouleversée et ça m'avait touché de la voir ainsi. Sauf que je n'ai plus le souvenir de ce qui avait bien pu la mettre dans un état pareil... La solitude peut-être. Voilà plus de deux ans qu'elle était divorcée et qu'elle n'avait plus connu d'autre homme (sexuellement parlant bien sûr). Il tenta par la suite, en farfouillant au plus profond de ses souvenirs, de se rappeler de la suite. Ce qui l'a amené ici, le condamnant à cette prison mentale. Rien de nouveau ne lui revenait en mémoire. Il feuilleta un peu plus dans les grandes lignes que regorgeaient ses souvenirs et ne tomba que sur des moments banals, sans aucune importance. Du moins, rien qui ne puisse expliquer sa situation actuelle. S'il arrivait à s'échapper et sentir l'air frais taper sur son visage, la première chose qu'il ferait c'est d'aller voir Amanda et lui avoué tous ses sentiments. Mais il savait au plus profond de lui que ses sentiments ne seraient jamais aussi forts que ceux qu'il avait pour son épouse. Mais une page s'était tournée depuis. Et l'homme détruit qu'il était devenu se forgea au fil des années. Cet insondable silence qui régnait en ce lieu aurait pu le rendre encore plus fou qu'il ne le paraissait déjà. David faisait les cent pas au milieu du salon et attendait la tombée de la nuit. La jeune femme d'en face ne se trémoussait devant sa fenêtre que lorsqu'il faisait nuit. Sûrement par crainte d'être vu (ce qui pouvait bien être le cas en pleine journée). Le crépuscule faisait son apparition, donnant ainsi un ciel d'un mauve très clair. Toute une masse de nuages dominait le paysage comme absorbait par l'autre côté du monde. Il admira ce décor quand un bruit le distrayait. Voilà qui était bien étrange. Cela faisait déjà plus d'un mois qu'il était bloqué ici et jamais il n'avait entendu un son étranger (hormis bien sûr celui du couloir, qui par ailleurs ne s'était jamais reproduit). Il tendit l'oreille et le son continuait. C'était un peu comme un égouttoir. Davis se rapprocha d'un des trous qui faisaient défaut au mur, et pencha son oreille tout contre. Pas de toute, le son provenait bien de là. Il regarda ensuite à l'aide de son œil droit et examina. Mais toujours rien. Juste le noir total. Puis un autre son, plus intensifié cette fois, se faisait entendre de l'autre coté de la pièce, comme si on versait de l'eau à l'aide d'un robinet. Il observa et cru rêver. Un des trous était en train de fuir. De l'eau, extrêmement bleue, en sortit à petite quantité. Il s'en approcha, l'examina un instant, et tendit ses deux mains faisant office de récipient qui se remplirent d ce liquide bleuté avant de le boire d'une traite. Ca ne lui apportait pas grand chose et elle semblait n'avoir aucun goût. Un autre trou ce mit soudain à fuir lui aussi. David s'inquiéta, incrédule. Puis un autre. La pression des jets s'intensifia et l'eau se mit à couler abondamment. Se servant du drap qu'il alla chercher dans la chambre et qu'il découpa en morceaux, il tenta de les reboucher. Il inséra les morceaux de tissus à l'intérieur mais la pression augmentait à une allure folle. Le niveau d'eau se surélevait à chaque minute jusqu'à avoir de l'eau jusqu'au menton. Il paniqua, voyant le niveau s'élever encore et encore, lui déclenchant une crise d'aquaphobie. Il nagea en surface, gardant le plus possible sa tête hors de l'eau. C'était un véritable cauchemar. La dernière fois qu'il s'était retrouvé dans une situation pareille, il ne devait pas avoir plus de sept ans et s'amusait dans son jardin. Le printemps montrait le bout de son nez, tout était vert et fleurissant. David qui avait l'habitude de s'amuser dans le jardin en avait profité pour tester sa nouvelle batte de baseball, imitant ostensiblement le geste d'un joueur de l'équipe des Red Sox, dont il était un grand fan. Son but était de taper la balle avec autant de puissance que son idole afin qu'elle s'envole haut dans les airs. Les premiers coups furent faibles mais vain celui qui perça le ciel dans un bruit sourd et direct. Celui d'une balle cognée fortement par une masse de bois. Davis n'y croyait pas sur le moment, voyant cette balle blanche, rayée de noir, franchir une grande partie du terrain jusqu'à tomber dans la piscine (ou plus exactement sur la bâche qui la recouvrait). Et David fit ce que tout enfant ferait dans une situation pareille et finit au fond de l'eau, coincé dans un piège qui venait de se refermer sur lui. L'instant fut court avant que son corps inerte ne vienne à toucher le fond de la piscine. Inconscient, il ne se rappela jamais du moment où son père plongea pour le récupérer, avant de le réanimer sous les regards de leurs voisins qui avaient entendus les cris hystériques de sa mère. Son cœur s'arrêta pendant une très courte durée. Il ne se souvient ni de lumière blanche, ni même d'un quelconque tunnel de la mort. Il se rappelle simplement d'avoir rouvert les yeux et de voir tout ce petit monde autour de lui ainsi qu'une ambulance entrant dans l'allée du jardin. Et bien sûr de finir avec une peur incontrôlée de l'eau. Ce qu'il était en train de revivre en ce moment même, aussi étrange soit-il dans un appartement de Chicago. Il perdit conscience au bout de quelques minutes qui lui parurent interminables, et se retrouva à nouveau plongé dans le noir. Inconscient. Quatre heures moins le quart. L'appartement semblait entièrement sec et propre. David, allongé au sol (comme à son arrivée) ouvrit un œil. Il ne se rappela pas immédiatement de ce qui venait se passer et se leva difficilement, encore sonné par cette mésaventure. Le soleil frappait fort. Une voix, provenant de l'autre côté du mur, résonnait à faible échos. David cru rêver mais elle se fit entendre davantage. Il s'approcha, tendit l'oreille, et entendit la voix d'une femme qui appelait. Ce n'était pas une hallucination. Il l'entendait parfaitement, elle était là, et lui n'était plus seul à présent. Dans un grand soulagement, il lui répondit, ayant encore un peu de mal à articuler ses mots : Qui êtes-vous ? — Je vous ai entendu crier. Vous allez bien ? — Heu... Très bien... Je ne me rappelle pas ce qui vient de se passer. — C'est tout à fait normal, répondit-elle d'une voix tout aussi rassurante. Silence. David hésita avant d'ajouter. Vous êtes ici depuis combien de temps ? — Depuis bien trop longtemps déjà. Vous avez peur ? — Je ne sais pas vraiment à vrai dire. J'ai surtout peur de ne jamais sortir de cet endroit. J'ai une vie, et de tout laisser... Les gens que j'aime, mon boulot, et Jax. — Jax ? demanda-t-elle d'une curiosité soudaine. C'est mon chat. Ma femme avait insisté pour qu'on l'appelle comme ça. — C'est un joli nom, rajouta-t-elle. David était maintenant assis en tailleur sur le sol, sa tête appuyée contre le mur, comme pris de fatigue. — Pourquoi sommes-nous ici... ? — Jane. Je m'appelle Jane. — Jane. Très joli prénom. Pourquoi sommes-nous ici Jane ? — Pour une bonne raison je suppose. Je n'en sais pas plus que vous à ce sujet. » Voilà qui ne le rassurait pas plus. Mais au moins, il n'aurait plus à se parler à lui même lorsque la solitude frapperait. — Et vous ? demanda Jane. Je vous demande pardon ? — Votre nom... — Oui, bien sûr. Je m'appelle David. Je suis là depuis plusieurs semaines. Je ne serais vous dire combien mais rien que d'y penser ça me paraît extrêmement long. — Tu ne te souviens pas de ce qui t'a amené ici ? — Pas vraiment. Mes souvenirs sont brouillés. Aucun moyen de me souvenir. — J'ai mis du temps aussi. Mais un jour, je me suis rappelé. Il sursauta presque à cette révélation. Il lui fallait savoir... Savoir comment elle avait atterri ici. Peut-être qu'un indice supplémentaire sur son ravisseur pourrait l'aider à sortir de cet enfer. — Tu veux dire que tu sais qui t'a amenée ici ? — Comment ça « qui » ? — Eh bien... La personne qui t'a amenée de force. Tu n'es quand même pas venue de ton plein gré ?! — Bien sûr que non. Ce serait absurde. Mais je pense que t'ignores un petit détail. Il n'y a qu'une seule chose qui nous a envoyé dans cet endroit, et elle est la même pour tous les deux. — Je ne te suis pas là. Si t'en sais davantage dis le moi ! J'ai besoin de savoir, je veux sortit et retrouver ma vie d'avant ! — Mais David... Vous n'êtes pas envie. Pas plus envie que je ne le suis moi-même. 3 Amanda arriva à l'angle d'Asher Avenue. Par habitude, elle longea la rue principale jusqu'à la petite épicerie qui dominait le carrefour et s'engagea dans une ruelle animée par des petits commerces. L'endroit était désert, peuplé seulement de quelques commerçants qui ouvraient leur boutique. Le soleil ne frappait pas encore de toute sa chaleur. L'air était sec, et une petite brise de vent souffla entre les mèches de la chevelure claire d'Amanda qui, d'un geste rapide, ramena le tout en arrière. Prenant un soin tout particulier à son apparence physique, il fallait que tout soit irréprochable. Que ce soit sa tenue ou bien sa coiffure, ou encore le teint de sa peau qu'elle soignait par de nombreuses séances d'UV. Avant son divorce (ce qui fera un an dans un peu plus d'un mois), elle n'avait jamais eu à travailler. Jeune mère, Amanda s'occupa en grande partie de son enfant. En entrant dans son bureau – qui était aussi celui de son collègue, David – elle remarqua en premier lieu le post-it qui était posé de façon ostensible sur l'écran de son ordinateur. Elle le décolla avant de lire son contenu. I Need You. Sans réfléchir, Amanda comprit de qui provenait ce message anonyme et son cœur s'accéléra du temps qu'elle jouissait de cette jolie attention. Ses petites pommettes rouges, dont la couleur était éclaircie par une légère application de fond de teint, ondulèrent pour former une espèce de sourire gêné. Il ne devait plus tarder à entrer à son tour dans ce bureau, et cette idée même la terrifia. Si de part ce message il voulait tenter une nouvelle approche, que ferait-elle ? Il était impossible pour elle d'avoir une relation sérieuse pour le moment. Ces deux dernières années avaient étés une succession d'échec qu'elle tenta de positiver, en apprenant de ses erreurs. Huit heures trente sonna. David n'était toujours pas arrivé. Pensant tout d’abord à une gueule de bois dû à tout ce Jack Daniel's ingurgité la veille, l'inquiétude n'était pas encore de mise. La masse de boulot à traiter pour la journée n'était pas aussi importante qu'elle l'était les jours précédents. Elle ne se pressa donc pas, même si les chances pour que Mr Goggins rentre en trombe dans leur bureau – lui jetant une dizaine d'articles sur son bureau à taper avant midi – était assez élevées. Mais Amanda, terminant de remplir quelques documents à la main, était confiante, et attendit patiemment la venue de son collègue.
Au même moment, entrant dans le bâtiment de la Beat Magazine, l'inspecteur Bates se dirigea vers le bureau d'accueil où une jeune femme le salua d'un large sourire. Sa mâchoire était rutilante, à un point que Bates hésita à lui rendre ce sourire, de peur de montrer la négligence qu'il avait envers sa dentition. Ne voulant pas s'impatienter, il ne s'attarda pas à bavarder avec cette jolie demoiselle, qui aurait très bien pût être sa fille, voir même une génération de plus, et lui demanda (montrant sa plaque d'officier) s'il pouvait s'entretenir avec son patron, Mr Gabriel Gibbons. Ce qu'elle acquiesça d'un geste du doigt, prenant son téléphone sur le quel elle appuya sur une des touches du boitier noir. Attendant que son interlocuteur veuille bien décrocher, elle jeta un regard évasif par la grande vitre qui donnait sur le boulevard. De la voir se trémousser sur son fauteuil, l'inspecteur en eut des visions malsaines, l'imaginant dans une position plus incongru, avec pour seul habits, une paire de bottes en cuir lui remontant jusqu'en haut des jambes. Mais cette vision s'estompa quand la jeune femme le coupa de ce phantasme en lui indiquant à quel étage son supérieur l'attendait. Il la remercia d'un sourire timide, suite à quoi, il se souvenu de la raison pour la quelle il ne l'eut pas fait la première fois. Mr Gibbons le reçut très aimablement, cachant ainsi sa vraie nature d'homme froid et associable. Le vieil officier en était cependant ravis, ayant à lui refuser à plusieurs reprises un verre de scotch que son hôte insistait à ce qu'il le goutte. — Je souhaiterais d’abord vous avertir que ma venue ici n'est pas des plus plaisante, commença Steve d'un ton impartial. « Ah... Très bien, je vous écoute dans ce cas. » Steve sortit un calepin de sa poche arrière et farfouilla à l'intérieur de chacune des pages. — Humm... David Grisham travaille bien pour vous. Je ne me trompe pas ? — Tout à fait ! Si ça un rapport avec lui, je peux vous certifier qu'il est un employé model au sein dans notre magazine. — Je veux bien vous croire. Apparemment il n'est pas le genre d'individu à avoir des ennuis avec la justice. Un casier judiciaire vide, jamais aucun PV. Tout paraît très clean. Mr Gibbons resta incrédule. La façon qu'avait cet inspecteur de rester toujours de marbre lui flanquait la trouille. Il était le premier à savoir que ses comptes n'étaient pas tout à fait nets. — Je vous avoue ne pas bien comprendre votre venue... Inspecteur. — Ce matin, dans les environs de cinq heures moins le quart, on nous a appelés, nous signalant un corps gisant dans l'appartement du 23éme, à North Wighton. — God heaven's ! — Et vous n'êtes pas sans savoir que c'est le lieu où réside Mr Grisham. — Bien sûr... Cette histoire me secoue je vous avouerais. A cette heure-ci il devrait être en train de travailler dans son bureau. On ne m'a encore signalé aucune absence. C'est Mlle Ericksen qui... » Silence. —Oh non... La pauvre fille... Bates analysa l'attitude de son interlocuteur sans s'imaginer une seconde qu'il pourrait bien devenir un suspect. Il ouvrit une page de son calepin qui était encore vierge et se pencha en avant devant le bureau qui se trouvait juste devant ses jambes. Sa main s'arrêta net, la paume au dessus d'un gobelet qui contenait des crayons. Puis-je ? demanda-t-il à Mr Gibbons qui hocha la tête en signe d'approbation. Il en retira alors un des crayons dont la mine était mal taillée. — Mlle Ericksen était très proche de Mr Grisham ? — Enormément. Je me suis même souvent demandé s'il n'existait pas entre eux une espèce d'amitié malsaine. — Qu’entendez-vous par amitié malsaine ? Demanda-t-il en articulant soigneusement sur les deux derniers mots. Eh bien... C'est juste que je trouve malsain que d'avoir une relation avec un collègue de travail. Je suis peut-être de la old school mais pour moi, je trouve tout à fait normal d'établir une barrière entre le monde professionnel et le monde personnel. C'est tout. — Je vois. — D'autres questions Monsieur l'Inspecteur ? Bates examina les quelques lignes qu'il avait soigneusement préparé avant son arrivée, espérant ne rien oublier d'important. A son âge, la mémoire jouait souvent de mauvais tour, et aucune erreur n'était possible pour lui. Il gomma de part et d'autre de sa petite feuille, nota de nouvelles choses – se grattant par moment la moustache à l'aide de la gomme en bout de crayon – regarda tout autour de lui comme pour forcer sa mémoire à faire sortir des éléments qu'il aurait omis de mentionner. Puis il se leva. — Je pense que ce sera tout. Je vous rappellerai d'ici là, lorsque nous en serons un peu plus. — J'ai hâte d'en connaître davantage sur cette histoire. — C'est affreux que de telles choses puissent arriver... — Je vous remercie d'avoir usé de votre temps. — Mais c'est tout naturel. — J'aurais cependant une petite faveur à vous demander. Pourrais-je m'entretenir avec Mlle Ericksen ? | |
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