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 Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - deuxième version

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Eric, ami de Merhia
Ouragan
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MessageSujet: Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - deuxième version   Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - deuxième version Icon_minitimeDim 14 Juin - 15:04

Prologue

Une dague se dirigeait vers moi à grande vitesse. Elle serait dans ma poitrine dans cinq secondes au plus tard. Quatre. J'allais devoir me lever, m'animer, l'arrêter. Trois. Pas tout de suite. Deux. Je me redressai d'un bond, ma main droite tendue devant moi. Un. La dague se brisa, pulvérisée par ma magie. Les vestiges de l'arme se plantèrent dans le sol autour de moi, laissant un cercle vide d'un pied de rayon.
— Quelle prouesse remarquable, votre Altesse ! me félicita Marcus, mon maître d'armes, en s'inclinant avec une grâce certaine. Votre Enchantement était parfaitement réussi.
— Je vous remercie, Marcus, ris-je.
— Prenez quelques minutes de pause avant que nous ne reprenions l'entraînement, vous l'avez mérité, et puis je dois aller au palais.
Reconnaissante, je m'assis dans l'herbe fraîche. Je passai ma main gauche dans mes longs cheveux blancs, parsemés de reflets argentés sous le soleil estival. J'étais la princesse Olivia d'Ara-Ëlis. Et ce jour, à la pleine lune, la sixième de l'an 9705, s'ouvre mon histoire.
Marcus, un petit homme bedonnant, avait été le Grand Enchanteur d'Ara-Ëlis quelques années auparavant. Il avait des cheveux bruns et plutôt longs, qui lui arrivaient au milieu des omoplates, des yeux ronds marron qui dominaient un nez aquilin et une bouche quasi inexistante. Il ne mesurait que cinq pieds et ne manquait pas d'embonpoint, mais possédait un humour illimité et une sympathie sans égale.

Asséchée par la chaleur ambiante, je tendis ma main droite pour y matérialiser un verre d'eau. Au lieu de quoi, rien. Rien du tout. Pas même un verre vide. Pas même non plus un courant d'air pouvant m'indiquer que quelque chose s'était produit. Etonnée, je relevai la tête et avisai le palais distant de cent cinquante verges. Je savais que j'y trouverais Marcus et, plus important, ma mère. Je fis appel à mon pouvoir pour prendre ma forme de Louve et y parvint sans le moindre problème. Je m'élançai vers le palais de toute la puissance de mes quatre pattes.

Quelques dizaines de secondes plus tard, je surgis dans le bureau de Marcus et repris forme humaine. La décoration était sobre, se limitant à un portrait de chacun des membres de la famille et, bien entendu, à un bureau de bois de hêtre massif. Celui-ci était bien ordonné et derrière lui se trouvait Marcus, assis, qui recevait ma mère, la reine Carmilla.
Cette dernière avait de longs cheveux blancs coiffés en un chignon sévère, des yeux bleus en amande, un nez long et pointu et des joues prononcées tirant sur le carmin. Une lueur d'intelligence brillait dans ses yeux. Elle était quelque peu plus grande que moi, mesurant approximativement six pieds, mais était tout aussi fine. Les muscles de ses bras étaient légèrement dessinés. Elle portait une fine robe blanche de cérémonie et sur sa tête reposait sa couronne, un simple anneau d'or.
— Mère… Marcus… Veuillez m'excuser… soufflai-je, reprenant mon souffle. J'ai un problème d'ordre magique.
— Que t'arrive-t-il ? s'enquit froidement Carmilla.
— J'ai voulu matérialiser un verre d'eau pour me désaltérer et il ne s'est rien passé.
— Réfléchis-tu, quelques fois ? cingla ma mère. As-tu pensé un seul instant au fait que tu étais peut-être trop fatiguée pour utiliser la magie ?
— Sauf votre respect, votre Majesté, son Altesse aurait dû être en mesure de réaliser ce sort mineur. Elle venait de réaliser à merveille un sort avancé de protection. Votre Altesse, pourriez-vous avoir l'amabilité d'essayer une nouvelle fois ?
J'acquiesçai et me concentrai profondément, visualisant le verre d'eau que je cherchais à faire apparaître. Je tendis le bras et ouvris ma main, mais comme précédemment, rien n'apparut. Les yeux de ma mère s'écarquillèrent.
— Voilà qui est bien grave ! annonça-t-elle d'une voix profonde. Tu as respecté chaque étape du sort mais pourtant la décharge magique n'a pas eu lieu. C'est comme si tu connaissais une sorte de… dégénérescence magique. Et malgré cela, tu n'as aucun problème pour te métamorphoser. Marcus, qu'en pensez-vous ?
— Ceci n'est pas courant, je n'ai jamais vu cela de ma vie. Des personnes qui auraient certains pouvoirs mais en auraient perdu d'autres… je ne suis pas sûr que quelqu'un puisse réaliser un sort de cette puissance qui resterait indécelable. Même une malédiction… non, pour parler franchement, votre Majesté, je ne sais pas ce qu'il se passe ni d'où cela provient. J'ai le regret de vous annoncer que je vais devoir centrer l'entraînement de son Altesse sur le maniement des armes le temps que cessent ces fluctuations magiques.


Chapitre 1 — L'anniversaire
Efi, Septième Lune de l'an 9705

Votre Majesté Impériale, je vous salue

Je vous écris aujourd'hui, alors que je suis touchée par un problème d'importance capitale. Ma magie, ces derniers jours, est devenue opérante de façon aléatoire. Je peux certes toujours prendre ma forme de Louve, mais je n'ai aucune emprise sur mes autres pouvoirs. Aussi me suis-je demandée si certains Mages connaissaient le même problème et si le phénomène m'est limité ou non. Quelle est la situation dans l'Empire du Nord ? Et puis par quel miracle pourrais-je accéder au trône sans magie ? Je suis fille unique ! À qui reviendra la couronne s'il devait arriver malheur à ma mère ?

Je vous prie, Votre Majesté Impériale, de bien avoir l'amabilité de dépêcher à Efi l'un de vos conseillers

Princesse Olivia d'Ara-Ëlis


Je relevai la tête, pliai la lettre et attrapai le bâtonnet de cire posé sur mon bureau à portée de main. J'approchai celui-ci de la flamme de la chandelle qui m'éclairait et attendis quelques secondes. Une goutte de cire tomba sur le parchemin et j'apposai dessus ma bague portant le sceau du royaume, cachetant la lettre. Je réécrivis dessus le nom du destinataire et, au dos, mes titre et nom. Je me levai de mon fauteuil et me dirigeai vers mon balcon, avant de pousser un sifflement strident.
Un pigeon vint se poser sur ma main gauche et tendit sa patte droite, à laquelle je ficelai la lettre. Suite à cela, j'agitai ma senestre et l'oiseau prit son envol, nullement incommodé par le poids de la lettre. Je le regardai s'éloigner dans l'obscurité et disparaître au loin. Je savais que Caïus, mon pigeon personnel, dressé pour faire le voyage entre Efi et la Grotte Reine, capitale de l'Empire du Nord, arriverait à destination vers l'aube.
Je rentrai dans ma chambre et appelai ma camériste, Anna. Cette dernière entra dans la pièce par une porte dérobée et me rejoignis devant la psyché au cadre d'or accrochée au mur. J'avais des yeux bleu-gris en amande, les mêmes yeux de ma divine ancêtre, Naomy, la Déesse-louve, un nez droit très fin et une bouche mince. Je mesurais cinq pieds et demi, pour quelques cent vingt livres. Je portais une robe de soie noire sur laquelle étaient cousues, sur mon sein gauche, les armes du royaume. Un parti au premier d'azur à la feuille de chêne et au deuxième de sinople au loup ravissant allumé et armé de sable. J'avais vu ce blason tant de fois que j'aurais pu le dessiner dans le noir les yeux fermés. Anna m'aida à défaire les lacets du corsage de ma robe et me tendit une tunique en soie blanche que je revêtis. Anna quitta la pièce et je me couchai dans mon grand lit.
Je me tenais debout, droite, immobile. Devant moi se tenait un Korrigan, agenouillé. Il tenait une orbe de pouvoir qui diffusait une légère lueur bleutée éclairant sa peau, d'un vert profond. Je fis un signe et le Korrigan se releva, atteignant la modeste taille de quatre pieds trois quarts. Je le regardai dans les yeux et eut un petit sursaut en constatant qu'ils étaient d'un rouge rubis, contrairement aux yeux saphir de ses semblables, ce qui était signe de puissance et de pouvoir.
— Votre Altesse, dit l'individu d'une voix glacée, si vous souhaitez récupérer vos pouvoirs, je crains qu'il ne s'agisse de la seule solution. Ouvrez les yeux ! Vous avez bien vu que toutes les autres ont échoué, non ?
— Je ne le veux pas, Korrigan, n'ai-je pas été claire à ce sujet ? Je n'apprécie pas votre solution, elle est bien trop dangereuse !
— Vous faites là une bien grave erreur, Votre Altesse. Réfléchissez-y donc quelques jours de plus !

Le Korrigan explosa alors en ténèbres qui recouvrirent la scène sous mes yeux ébahis, et je me retrouvai dans une caverne aux murs de cristal pur. Cinq runes étaient gravées au sol mais avant que je n'aie le temps ne serait-ce de déchiffrer l'une d'entre elles, un halo couleur émeraude m'enveloppa et une étrange chaleur se propagea en moi. Je tendis la main droite dans laquelle je matérialisai ma flissa. À peine fut-elle apparue qu'elle disparut, et les énergies échappèrent à mon contrôle, faisant exploser la caverne.
Je me redressai soudain dans mon lit, le souffle court, dans des draps trempés par ma sueur. Qu'était-ce que ce rêve ? Une intuition ? Un message envoyé par un dieu pour m'indiquer comment recouvrer ma magie ? Je n'en savais rien, et je n'aimais pas ça. La pièce autour de moi semblait glaciale. Je quittai mon lit et ouvris la fenêtre en grand. J'admirai les premières lueurs du jour qui pointaient à l'horizon éclairer Efi, et regardai la ville qui semblait m'appeler. Je rentrai dans ma chambre et empruntai un escalier secret qui m'emmena à côté d'une entrée secondaire, à l'étage inférieur.
Je m'éloignai du palais sous ma forme animale, louve immaculée, courant aussi vite que me le permettaient mes capacités physiques. Courir pour m'éloigner, courir pour oublier. Oublier mes tourments, mes cauchemars, mes obligations. Je savais que je devrais retourner au palais, mais je n'en étais pas pressée. Les jours précédents, avec la disparition de mes pouvoirs, j'avais eu l'impression d'étouffer, là où habituellement je me sentais à mon aise, dans mon élément. Mais à cause d'un verre d'eau et de ce qui en découlait, j'avais perdu toute mon autonomie.

Soudain, je sentis une présence sur ma gauche. Une présence que je connaissais bien. Ce pas léger, rapide, qui me rattrapait. Je n'eus même pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'il s'agissait de Camille, la Louve au poil roux, mon amie d'enfance. Je poussai mon corps à dépasser ses capacités pour accélérer, suivie de près par ma compagne. À nouveau, ce rythme incessant de ces quatre pattes martelant le sol. Je pénétrai dans les ruelles sombres d'Efi à toute vitesse, poursuivie par Camille. Je fuyais vers le fleuve, talonnée par ma poursuivante. À quelques mètres de l'eau, la Louve rousse sauta sur mon dos et m'écrasa au sol. Nous nous retransformâmes.
— Bon anniversaire, princesse ! s'exclama Camille, essoufflée. Quelle idée de me faire courir ainsi alors que je venais juste te rappeler que tu devais te préparer pour ce midi !
— Mes dix-sept ans… comment ai-je pu oublier ? Merci de me l'avoir souhaité, ma sœur de cœur. Mais qu'y a-t-il ce midi ?
— Ta mère fait donner un festin en ton honneur, et en l'honneur de ta majorité fraîchement acquise. Mais franchement, princesse, comment as-tu pu oublier ?
Et Camille donna une petite tape sur mon épaule, avant de m'entraîner vers le palais. Camille était de deux ans mon aînée. Elle avait une abondante chevelure rousse et des yeux d'un turquoise intense. Son visage fin était parsemé de taches de rousseur. Haute de six pieds, la Louve était squelettique mais avait des courbes bien dessinées. Je reconnaissais sa beauté et savais que de nombreux jeunes hommes étaient attirés par son charme. Nous nous connaissions depuis notre plus jeune âge, le père de Camille étant le Guerrier en charge de la sécurité du palais. Camille avait rejoint, à peine deux lunes auparavant, la garde royale secrète, composée de neuf femmes, invisibles autour de leur souverain mais pourtant bien présentes. Cette garde était composée de trois Louves, trois Enchanteresses et trois Guerrières, âgées d'entre dix-sept et trente-deux ans, ce qui rendait leur service possible pour au maximum quinze ans. Peu nombreux étaient ceux qui en connaissaient l'existence. J'avais suggéré à Camille de montrer de l'efficacité dans ses tâches de Louve, ce qui augmenterait ses chances de sélection, car je savais que l'une des Louves atteindrait bientôt l'âge fatidique de trente-deux ans.

En marchant vers le palais, nous discutions des membres de notre Ordre et de notre hiérarchie. Nous étions au nombre de treize, dirigés par le couple Alpha, Jenaëlle, ancien membre de la garde royale secrète, et Lucius. Contrairement aux meutes de loups, où seul le couple alpha peut se reproduire, chacun des Loups de Naomy en avait la capacité, mais à la condition que ce ne soit pas avec un membre autre de la Meute. Les Loups Bêta, en l'occurrence des Louves, étaient au nombre de trois : Camille, Clara et Justine, toutes trois membres de la garde royale secrète. Les autres Loups étaient ma mère et moi, Arthur et Alexis, Maryne, la Louve Oméga, et Alissia, la Louve immortelle, fille de Naomy et première reine d'Ara-Ëlis. L'Ordre comportait aussi deux "Loups Noirs", Aurélia et Matthéo, des Loups qui renonçaient à tous leurs privilèges de Loups, pour se fondre dans la populace et vivre une vie identique à n'importe quel lambda. Par exemple, Aurélia était Guerrière et avait atteint le rang de Capitaine.

Tout en palabrant, nous arrivâmes devant les portes officielles du palais, orientées plein nord. Alors que j'allais pousser les battants de chêne pour entrer, Camille me retint par le bras.
— Je serai en charge de ta sécurité cet après-midi, aussi je n'aurai pas la liberté de mouvement que je souhaiterais pour t'offrir mon cadeau à ce moment-là, même si je resterai près de toi en fidèle amie. Aussi, voici pour la première partie de ton cadeau, princesse. Parce que nous sommes sœurs de cœur, j'aimerais te dire merci pour cette idée que tu as eu il y a maintenant onze ans. Jamais je n'oublierai cette nuit passée dans ce pentacle, où nous étions chacune dans les bras de l'autre, nos cœurs battant à l'unisson, nos pensées accordées à celles de l'autre. Pour toutes ces sensations et ces souvenirs échangés, merci, ma sœur. Je sais que tu traverses une épreuve difficile et si je n'ai pas pu être à tes côtés aussi souvent que je le souhaitais, à présent, je ne te quitterai plus jusqu'à ce que tu aies recouvré tes pouvoirs, je le jure. Même quand tu ne pourras pas me voir, je serai là, fidèle au poste, fidèle protectrice. Olivia, accepte ce modeste présent de ma part.
Camille me tendit un paquet de soie. Je l'attrapai et l'ouvris, révélant un collier réalisé d'une très fine chaîne d'argent à laquelle était accroché un loup d'argent aux yeux émeraude. Les larmes aux yeux sur le coup de l'émotion, je serrai très fort mon amie dans mes bras.
— Ma sœur de cœur, c'est moi qui doit te remercier pour tout ce que tu as fait et ce que tu continues à faire pour moi. Je n'ose imaginer ce que je ferais si tu n'étais pas là.
Nous nous séparâmes et entrâmes dans le palais.

L'entrée était une vaste pièce au plafond haut, aux murs de briques rouges et au sol de marbre blanc. Une porte en chêne massif, la porte de la salle du trône, nous faisait face, encadrée par deux escaliers de marbre blanc et aux rambardes d'acier. L'escalier de droite menait aux appartements de ma famille et celui de gauche aux bureaux des personnes qui travaillaient au palais : ma mère et moi, les Généraux, la Grande Enchanteresse, les Grands Mages des Eléments et les Loups Alphas.
La reine Carmilla se tenait debout sur l'escalier de droite, majestueuse, et nous regardait sévèrement.
— Bon anniversaire, ma princesse.
Voyant que j'allais me jeter dans ses bras, ma mère demanda sèchement :
— Où étiez-vous ?
— Votre Majesté, s'inclina Camille, votre fille ne craignait rien, elle était sous ma protection, comme Lili me l'avait demandé.
— Mère, je ne craignais rien, je cours vite et le peuple m'apprécie. Pourquoi me serait-il arrivé quelque chose ?
— Au cas où tu l'aurais oublié, laisse-moi te rappeler que tu n'as plus tes pouvoirs, ce qui te met à la merci du moindre petit sort d'immobilisation. N'importe qui pourrait t'enlever ! Les ennemis de la Couronne sont toujours présents, ils ne se refusent rien et n'ont aucun scrupule. Tu aurais pu être attaquée, tuée, violée même. Il est temps que tu prennes tes responsabilités, Olivia. Aujourd'hui il y a le festin en ton honneur, mais à partir de demain, tu recevras les doléances du peuple, que je puisse juger de ta capacité à régner.
— Mère…
— Silence ! Tu n'es plus une enfant, Olivia, tu as atteint ta majorité ce jour. À partir de demain, tu seras une princesse responsable. Allez, approche, mais rappelle toi bien ce que je t'ai dit.
La reine ouvrit ses bras et je m'y précipitai. Camille, jugeant qu'elle était de trop, s'esquiva en silence.
Camille et moi nous trouvions dans les jardins du palais royal, devant un parterre de roses blanches. Mes cheveux blancs étaient coiffés en un chignon à mèches tombantes et brillaient sous le soleil. J'avais revêtu un corset blanc et portais par-dessus celui-ci une robe vert émeraude qui descendait jusqu'à mes pieds nus. Lors d'une discussion quelques semaines auparavant, j'avais appris de Camille qu'elle me trouvait plus belle qu'elle ne l'était, mais que les hommes ne s'intéressaient pas à moi, sûrement à cause des responsabilités qui découlaient d'une telle amitié selon elle. En revanche, Camille était souvent abordée par des garçons, mais elle les repoussaient tous, invariablement, depuis plusieurs années.
— Camille ? l'appelai-je, la tirant de ses pensées. Je pense que nous devrions y aller, ma mère doit m'attendre, je ne souhaite pas la décevoir à nouveau.
Elle acquiesça et nous partîmes rejoindre la terrasse sud, où attendaient la centaine d'invités que Carmilla avait invité, sur mes conseils. Ma sœur de cœur alla se mêler à la foule, debout devant les marches, en haut desquelles se tenait la table d'honneur, où devaient paraître, de gauche à droite, la marquise de la Forêt Enchantée, la reine, moi, le duc d'Ëlis et la duchesse d'Ara.
J'arrivai soudainement derrière ma chaise, m'attirant les applaudissements de tous les invités, qui s'inclinèrent. J'allai me placer devant ma chaise et m'écriai, de manière à ce que tous l'entendent :
— Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue. Je vous remercie de votre présence en ce jour si important pour le Royaume. En effet, j'ai l'honneur de vous annoncer qu'à partir de demain, sauf empêchement majeur, j'écouterai moi-même vos plaintes. Mais pour l'heure, je vous invite à prendre place et à manger de bon cœur !
Je m'inclinai devant la foule, qui me rendit mon salut tout en applaudissant.

Mon premier cadeau me fut remis par le duc d'Ëlis, un homme trapu aux cheveux de la couleur des blés mûrs d'été et aux yeux marron. Il portait une chemise bleu nuit et un pantalon noir. Il me tendit un arc long en if noir et un carquois aux flèches empennées de plumes d'aigle, blanches. Je le remerciai et remis l'arc à une servante qui attendait, et qui alla le porter dans mon bureau.
Le deuxième cadeau fut offert par la marquise de la Forêt Enchantée, une femme grande et fine, brune, aux yeux bleus et avec un nez crochu. Elle était habillée d'une robe de soie blanche, sans manches. Elle me donna un bâton de pouvoir en bois de houx à la pierre d'émeraude, qui luisait doucement.
— Votre Altesse, je sais que vous avez des problèmes magiques, mais j'ai la certitude que tout sera bientôt revenu dans l'ordre, aussi je vous offre ce cadeau.
— Je vous remercie, Madame la marquise, dis-je, tendant le bâton à la servante.
La duchesse d'Ara fut la troisième à me remettre son cadeau. Elle était grande et forte, avait des cheveux bruns et des yeux noirs comme du charbon. Elle portait une robe couleur rubis, en soie. Son présent était une dague, à la lame en acier et à la poignée en or finement cisaillé. Je la remerciai et, à nouveau, remis le cadeau à la servante.
Ainsi de suite, chacun des invités alla me porter son cadeau : des dagues de toutes sortes et en grand nombre, quelques arcs, deux arbalètes et même une hallebarde !
Dernière à remettre son cadeau, ma mère s'agenouilla devant moi et me tendis un fourreau courbe en bois duquel ressortait une poignée en or, avec une émeraude incrustée dans le pommeau. Je pris la poignée à pleine main et sortis du fourreau une flissa à la lame d'argent, sans garde, et à la poignée resplendissante. L'équilibre de l'arme était parfait, la lame était finement aiguisée, je pus reconnaître le travail de Marko, le meilleur artisan forgeron du royaume. Je me levai et m'inclinai devant ma mère avant de rengainer l'arme.
Camille se leva alors et me rejoignis, puis s'agenouilla , me présentant la deuxième partie de son cadeau, une courte dague d'un demi pied de long à la lame d'argent et à la poignée en bois de houx taillée par le plus grand artisan ébéniste d'Efi.
Je lui fis un signe discret pour qu'elle se relève et à peine fut-elle debout que je la saisis dans mes bras. La rousse répondit à mon étreinte.
Ainsi liées, nous donnions une sensation d'unité. Deux être différents et pourtant unis. Deux esprits liés par un sentiment bien plus fort que la fraternité. Deux âmes liées par l'amour. J'aurais aimé que ce moment dure des minutes, des heures, des jours même.
Mais troublant cet instant parfait, un aigle bicéphale luisant d'une lumière violette apparut au sol, à la droite de Camille. Trois individus encapuchonnés en sortirent.


Chapitre 2 — Les messagers

Je m'écartai de Camille de quelques pas. J'attrapai flissa et dague, me mis dans une posture défensive, et attendis.
Les nouveaux arrivants s'inclinèrent devant moi avant de se tourner vers Carmilla et de s'agenouiller devant elle.
— Votre Majesté, nous devons vous parler, à vous et à votre fille, loin des oreilles indiscrètes, dit celui de droite.
La reine inclina la tête et me fit signe de la suivre. Je rengainai ma flissa et déposai mes armes sur la table avant d'emboîter le pas de ma mère, Camille sur mes talons.

Nous nous dirigeâmes vers la salle du trône, déserte. C'était une vaste salle au sol de marbre blanc et aux murs de briques rouges, dans le même style que l'entrée du palais. À droite de la porte en chêne massif se trouvait une statue de Naomy, et à gauche, une statue d'Eldric, honorant le traité passé par Maryne et Clément entre l'Empire du Nord et Ara-Ëlis au temps de la Guerre des Cinq. Une des trois silhouettes encapuchonnées s'inclina devant les deux statues, révélant ainsi son statut de prêtre. Ma mère rejoignit son trône, un fauteuil surélevé à l'ossature d'or et d'argent et recouverte de velours violet améthyste. Moi, j'avais droit à un trône bien moins imposant en argent, recouvert de velours blanc. Camille se tint debout, droite, légèrement en retrait par rapport à sa souveraine.
Les trois inconnus s'agenouillèrent et retirèrent leur veste, découvrant de la sorte leurs visages.
À droite se tenait un homme assez grand et élancé, avec des cheveux châtains coupés courts et des yeux gris clair, perçants. Il était vêtu d'une ample tunique beige sur laquelle était cousu un aigle noir au niveau du torse : l'homme était un prêtre d'Eldric, le dieu-aigle.
Au centre se tenait une elfe grande de six pieds et demi, agréable à regarder et aux courbes finement dessinées. Ses oreilles pointues dépassaient de ses cheveux blonds et ses yeux avaient la couleur de la chlorophylle. Elle portait une armure bleu sombre, la couleur des Enchanteurs, armure sur laquelle étaient tracées quelques runes argentées de protection. Le manche d'une hache saillait par-dessus son épaule droite.
Le dernier membre du groupe était un vieil homme ridé par les ans aux cheveux gris cendre et aux yeux marron, dans lesquels brillait une lueur de ruse. Il portait un pantalon noir et une chemise qui avait dû être blanche par le passé, mais qui était à présent recouverte de taches multicolores et de brûlures et elle était même trouée par endroits. Il tenait une fiole contenant un liquide orange inquiétant dans sa main droite.

— Votre Majesté, Votre Altesse, je vous salue ! dit l'elfe d'une voix mélodieuse.
— Nous vous souhaitons la bienvenue à Efi, répondit Carmilla. Vous pouvez vous relever.
Les trois étrangers se redressèrent. Ils se concertèrent du regard avant d'incliner légèrement la tête vers le prêtre, qui prit la parole en premier.
— Votre Majesté, j'ai l'honneur de vous présenter Léo, Mage d'Outre-Temps, Sélénya, elfe Enchanteresse, quant à moi, je me nomme James et je suis Grand Prêtre d'Eldric. Nous formons le Grand Conseil de l'Empire du Nord.
— Votre Altesse, nous vous souhaitons un excellent anniversaire de la part de l'Empereur lui-même, qui vous demande de l'excuser de n'avoir pu venir aujourd'hui, ajouta Sélénya. Nous avons été dépêchés ici en réponse à la lettre de Son Altesse et…
— Excusez-moi, ma dame ! l'interrompit alors la reine avant de se tourner vers moi. Quelle lettre ? Tu as envoyé une lettre à l'Empire du Nord ? Pourquoi n'ai-je pas été prévenue ?
— Mère… soupirai-je. Je souhaitais juste savoir si d'autres personnes étaient dans la même situation que moi ou pas.
— Ne crois-tu pas que tu aurais dû me prévenir ?
— Il était trop tard, vous dormiez sûrement déjà. Et puis j'avais besoin de savoir.
La reine soupira à son tour et se tourna vers le Grand Conseil. Elle fit un léger geste de la main, indiquant qu'ils pouvaient parler.
— Comme Sélénya le disait tout-à-l'heure, reprit James, Sa Majesté Impériale nous a envoyés à Efi pour répondre à la lettre de Son Altesse Olivia. J'ai prié Eldric de nombreuses heures, afin qu'il regarde pour moi dans l'Empire la situation de nos compatriotes. J'ai le regret de vous annoncer que vous êtes la seule dans ce cas. Personne d'autre ne connaît de dégénérescence magique dans l'Empire, ni même dans tout Ilissiæ. Je regrette, Votre Altesse, mais Eldric était sûr de lui.
— Non ! m'exclamai-je, les larmes aux yeux, avant de quitter la pièce en courant, suivie par Camille.
— Olivia, attends ! s'exclama Camille, tendant le bras.
Je fis la sourde oreille et continuai à avancer à grands pas vers la terrasse sud. J'allai me placer derrière ma chaise et annonçai d'une voix forte :
— J'ai le regret de vous annoncer que ce repas se terminera sans ma présence ni celle de ma mère, à cause de nos obligations à remplir. Je suis désolé de ne pas pouvoir rester, mais je vous souhaite tout de même une bonne fin de repas !
Je m'inclinai et me relevai, flissa et dague en main, avant de m'élancer en courant à petites foulées, Camille sur mes talons.

Nous nous dirigeâmes plein sud, traversant tous les jardins du château, jusqu'à arriver devant un bâtiment imposant, tout entier de marbre blanc. Il s'agissait du Temple, quartier général des Loups de Naomy. On y accédait en montant neuf marches avant de passer sous une colonnade de trois rangées de huit colonnes corinthiennes. Je poussai la porte de verre à double battants et entrai dans un hall au plafond haut mais d'une faible superficie, seulement deux cents pieds carrés. J'ouvris une porte à droite et me retrouvai dans une petite pièce, de laquelle partait un escalier en bois descendant, que nous empruntâmes.
L'escalier débouchait sur une vaste salle d'armes au sol de terre battue et aux murs de pierre, dont trois d'entre eux étaient couverts de râteliers d'armes. J'entrai dans un vestiaire, à droite, tandis que Camille utilisait un vestiaire à gauche.

Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes dans la salle d'entraînement. J'avais revêtu une armure de cuir noir alors que Camille portait une cotte de mailles magiquement allégée. Je tenais dans la main droite ma dague en garde inversée, et dans la gauche ma flissa. La rousse, elle, était armée d'un poignard en prise traditionnelle dans sa dextre et d'une kriss en prise inversée dans sa senestre.
— Pas de magie, évidemment, énonçai-je d'une voix forte. Bonne chance !
Nous reculâmes de trois pas et fléchîmes les jambes, gagnant en souplesse et en extension dans le cas où nous devrions sauter.
Je bondis la première, portant une attaque verticale de la main gauche avant de décocher un coup de dague au niveau de l'épaule gauche de Camille. Celle-ci bloqua la flissa de sa kriss avant de pivoter sur son pied droit et d'abattre son talon dans mon flanc.
Une lueur fauve dans le regard, je poussai un gémissement et ripostai, assenant ma dague au niveau du torse de Camille et ma flissa à hauteur de cuisse. La première fut stoppée par la cotte de maille et la deuxième rencontra un poignard. La rousse passa alors à l'attaque, tourbillon de grâce, frappant à une vitesse telle que je ne pouvais interposer mes propres lames qu'aux derniers moments. Peu à peu, je reculai, me rapprochant du mur. Mais Camille stoppa alors son assaut et envoya ses deux armes sur mon torse, que je ne pus esquiver que de justesse. Profitant de mon déséquilibre, l'aînée recula jusqu'à l'un des murs et attrapa une épée bâtarde.
Elle rugit et revint dans le combat. Maniant son arme avec une incroyable brutalité malgré son apparence si frêle, elle frappa trois fois de suite sur ma main gauche. Je parai les deux premiers mais ne pus rien faire contre le troisième. Ma flissa tomba au sol.
À présent, plus rien ne pouvait arrêter Camille, qui tourna rapidement autour de moi. Elle jeta sa bâtarde et sauta sur mon dos, me désarmant. Elle récupéra ma dague et posa le côté tranchant de celle-ci sur mon cou : j'étais vaincue.

— J'ai gagné ! fanfaronna Camille. Allez, relève-toi !
Nous nous remîmes sur nos pieds.
— Qu'espérais-tu ? s'enquit-elle.
— Te battre. Je pensais pouvoir le faire.
— Tu n'avais aucune chance. Mais ce n'est pas du combat que je veux te parler, Olivia. Je te parle de la lettre à Sa Majesté Impériale.
— Je ne vois même pas pourquoi tu me poses la question. J'espérais ne pas être la seule, bien entendu ! crachai-je. J'espérais que je pourrais parler avec quelqu'un, quelqu'un qui me comprendrait vraiment.
— Moi, je te comprends. Je comprends ce que tu endures.
— Comment le pourrais-tu ? Jamais tu ne t'es retrouvée dans cette situation. Et puis tu n'es pas princesse héritière ! Moi, j'ai cette loi, éditée par je ne sais quel roi imbécile, qui m'empêche d'accéder au trône si je ne pratique pas la magie.
— Réfléchis-tu, de temps en temps ? Ta mère est la reine, elle a le pouvoir de supprimer cette loi !
— Sache que je lui en ai parlé. Et elle m'a répondu qu'elle ne pouvait pas, malgré l'envie qu'elle en a, à cause des opposants au Régime. Ils sont bien trop gênants, nous avons les mains liées sur de nombreux sujets.
— Mais qui sont-ils, ces opposants au Régime ? Tu en parles, ta mère en parle, Lili nous en parle en nous disant que ce sont d'eux que nous devons vous protéger, mais j'ignore tout de ces gens ! Peux tu m'en dire plus ?
— Mes dossiers sont au palais. Mais j'ai au Temple un historique de leurs derniers actes. Suis-moi !
Je rengainai mes armes, ma flissa dans mon dos et ma dague à la ceinture, tandis que Camille glissait sa kriss et son poignard dans des fourreaux dorsaux.

Nous quittâmes la salle d'armes et retournâmes dans le hall du bâtiment. Nous entrâmes dans la salle principale, une grande pièce dédiée au culte de la déesse-louve.
Une immense statue de celle-ci en marbre et en or trônait au fond de la salle, et devant elle brûlait un feu violet aux flammes hautes. Une personne le contemplait, et elle se retourna lorsque nous entrâmes.
Elle avait de longs cheveux blancs et des yeux bleus en amande. Elle portait une robe blanche immaculée. Une rapière à la lame en argent et à la poignée d'or incrustée d'une émeraude était posée à sa gauche.
— Dame Alissia, murmurai-je, respectueuse, d'une voix faible.
— Votre Altesse, quand le temps sera venu, il vous faudra dire oui, sinon vous courrez un grave danger, qui pourrait coûter de nombreuses vies innocentes !
— Ma Dame… de quoi parlez-vous ? m'enquis-je.
— Vos rêves seront la clef, répondit Alissia, énigmatique.

Stupéfaites par des paroles aussi étranges, nous passâmes notre chemin, utilisant une des portes du mur de droite pour arriver dans un bureau.
La pièce était assez petite quoique très luxueuse. Le mur face à la porte avait été remplacé par une majestueuse baie vitrée, les deux autres étaient recouverts de grandes bibliothèques en bois de hêtre massif qui regorgeaient de livres et de parchemins. Le bureau était de chêne, couvert de papiers. Au sol se trouvait un tapis somptueux, aux couleurs d'Ara-Ëlis.
— Voici donc ton bureau au Temple ! fit Camille, admirative.
— Ce n'est pas le mien. C'est celui de la famille royale. Mais comme ma mère utilise celui qu'elle a au palais, je ne vois aucun inconvénient à travailler dans celui-ci. Ce mur, à droite, contient les archives de l'Ordre de ces treize derniers siècles. À gauche, il y a des cartes de toutes les terres connues d'Ilissiæ et des plans anciens et originaux, comme celui de l'ancien palais impérial. Près de la fenêtre se trouvent les archives des Sept Grandes Guerres et de la Guerre des Cinq. Et ceci, ajoutai-je en attrapant un épais dossier, est une compilation des derniers actes des opposants au Régime. Allez, retournons au palais !
— Attrape ma main ! ordonna Camille.
J'obéis et nous disparûmes.

Nous réapparûmes dans mon bureau dans un éclair saphir. C'était une vaste salle rectangulaire sans fenêtres, au sol de marbre blanc et dont les murs visibles étaient peints en vert. Sur le mur à droite du bureau étaient accrochés les portraits de plusieurs grands rois d'Ara-Ëlis. Sur celui d'en face était dessinée une fresque représentant le sacre d'Alissia. Devant le mur opposé à la porte se situait une petite bibliothèque remplie de dossiers de différentes couleurs. Au centre du dernier mur se trouvait la porte, en bois de chêne finement ouvragé et à la poignée d'argent, et à droite de celle-ci se dressait une statue de Naomy. Mon bureau, en bois de bouleau, était recouvert de dossiers colorés en apparence désordonnés, pourtant, j'attrapai l'un d'eux, noir, sans la moindre hésitation.
— Le duc d'Ëlis, chef des opposants au Régime. Il ne souhaite rien de moins que le trône et la mort de toute ma famille.
— Le duc d'Ëlis ? s'étonna Camille. Pourquoi ? Sa famille avant lui était-elle ainsi ?
— Non, sa famille a toujours fidèlement servi la Couronne, main dans la main avec la famille des ducs d'Ara malgré leur ancienne rivalité. D'ailleurs, le duc d'Ëlis tente de forcer la main à ma mère pour obtenir la tête de la duchesse.
— Mais te mère ne fait rien contre lui ?
— Elle ne peut pas. Il est suffisamment rusé pour ne pas laisser de preuves et pour agir de façon subtile. Nous n'avons aucune raison de l'arrêter, bien que ce ne soit pas l'envie qui nous manque. Et les Roses Noires, ces assassins insaisissables et qui ne manquent jamais leur cible, sont de son côté.
— La duchesse d'Ara est-elle suffisamment protégée ?
— Oui. Moi-même, j'ignore où elle se cache lorsqu'elle n'est pas au palais. Ma mère est sous la protection permanente de cinq gardes, trois de la garde officielle et deux gardes de la garde secrète. Quant à moi, je suis sous ta protection et sous celle de Jenaëlle qui veille devant la porte de mes appartements durant la nuit. L'escalier que j'ai emprunté ce matin pour quitter le palais ne peut être utilisé que par les Loups de Naomy, grâce à un sort de la marquise de la Forêt Enchantée. Le royaume n'en sait rien, mais une guerre civile peut éclater à tout moment.
Je me tus. Ce que je venais de dire, seuls ma mère, la dirigeante de la garde royale secrète, le père de Camille et moi étions au courant. Ces mesures de sécurité avaient été prises deux ans plus tôt, juste après l'élection de Lili à la tête de la garde secrète, quand ma mère, grâce à ses espions, avait appris que le duc d'Ëlis était un traître.
— Jamais je n'aurais imaginé cela… murmura Camille. Et cela ne fait que renforcer mon désir de te protéger. Sais-tu seulement à quel point tu es importante pour moi, Olivia ?
— Probablement autant que, toi, tu es importante pour moi. Mais pourquoi me poses-tu cette question ?
— À présent que je me rends compte à quel point nos vies ne tiennent qu'à peu de choses, je veux t'avouer, tant qu'il en est encore temps, une chose que je veux te dire et que je n'ose te dire depuis de nombreuses années.
— Quoi donc, Camille ? Pourquoi tant de mystères ?
— Je t'aime, Olivia.
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Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - deuxième version
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