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 Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version

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Eric, ami de Merhia
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MessageSujet: Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version   Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version Icon_minitimeLun 26 Oct - 16:15

Je l'avais dit, j'ai recommencé à écrire. Du coup, comme c'est toujours la même histoire (en mieux normalement) : les commentaires ici Smile
Et je crois que le prologue a pas changé, mais on sait jamais, une correction par-ci par-là, un "je" oublié pendant le retour à la troisième personne…
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MessageSujet: Re: Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version   Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version Icon_minitimeLun 26 Oct - 16:17

Prologue

Une dague se dirigeait vers Olivia à grande vitesse. Elle serait dans sa poitrine dans cinq secondes au plus tard. Quatre. Elle allait devoir se lever, s’animer, l'arrêter. Trois. Pas tout de suite. Deux. Elle se redressa d'un bond, sa main droite tendue devant elle. Un. La dague se brisa, pulvérisée par sa magie. Les vestiges de l'armes se plantèrent dans le sol autour d’elle, laissant un cercle vide d'un pied de rayon.
— Quelle prouesse remarquable, votre Altesse ! la félicita Marcus, son maître d'armes, en s'inclinant avec une grâce certaine. Votre Enchantement  était parfaitement réussi.
— Je vous remercie, Marcus, rit-elle.
— Prenez quelques minutes de pause avant que nous ne reprenions l'entraînement, vous l'avez mérité.
Reconnaissante, elle s’assit dans l'herbe fraîche. Elle passa sa main gauche dans ses longs cheveux blancs, parsemés de reflets argentés sous le soleil estival. Elle était la princesse Olivia d'Ara-Ëlis. Et ce jour, à la pleine lune, la sixième de l'an 9705 selon le calendrier nordique, s'ouvre son histoire. Elle avait des yeux bleus-gris en amande, les mêmes yeux de sa divine ancêtre, Naomy, la Déesse-louve, un nez droit très fin et une bouche fine. Elle mesurait cinq pieds et demi, pour quelques cent vingt livres1. Elle portait un pantalon de soie noire et une chemise taillée dans le même tissu, les armes du royaume cousues sur son sein gauche. Un parti au premier d'azur à la feuille de chêne et au deuxième de sinople au loup ravissant d’argent allumé et armé de sable2. Elle avait vu ce blason tant de fois qu’elle aurait pu le dessiner dans le noir les yeux fermés.
Marcus, un petit homme bedonnant, avait été le Grand Enchanteur d'Ara-Ëlis quelques années auparavant. Il avait des cheveux bruns et plutôt longs, qui lui arrivaient au milieu des omoplates, des yeux ronds de couleur marron qui dominaient un nez aquilin et une bouche quasi inexistante. Il ne mesurait que cinq pieds et ne manquait pas d'embonpoint, mais possédait un humour sans limite et une sympathie sans égale.

Asséchée par la chaleur ambiante, elle tendit sa main droite pour y matérialiser un verre d'eau. Au lieu de quoi, rien. Rien du tout. Pas même de verre vide. Pas même non plus un courant d'air pouvant lui indiquer que quelque chose s'était produit. Etonnée, elle releva la tête et avisa la palais distant de cent cinquante verges. Elle savait qu’elle y trouverait Marcus et, plus important, sa mère. Elle fit appel à son pouvoir pour prendre sa forme de Louve et y arriva sans le moindre problème. Elle s’élança vers le palais de toute la puissance de ses quatre pattes.

Quelques dizaines de secondes plus tard, elle surgit dans le bureau de Marcus et reprit forme humaine. La décoration était sobre, se limitant à un portrait de chacun des membres de la famille et, bien entendu, à un bureau de bois de hêtre massif. Celui-ci était bien ordonné et derrière lui se trouvait Marcus, assis, qui recevait la mère d’Olivia, la reine Carmilla.
Cette dernière avait de longs cheveux blancs coiffés en un chignon sévère, des yeux bleus en amande, un nez long et pointu et des joues prononcées tirant sur le carmin. Une lueur d'intelligence brillait dans ses yeux. Elle était quelque peu plus grande que la princesse, mesurant approximativement six pieds, mais était tout aussi fine. Les muscles de ses bras étaient légèrement dessinés. Elle portait une fine robe blanche de cérémonie et sur sa tête reposait sa couronne, un anneau d'or tout simple.
— Mère… Marcus… Veuillez m'excuser… souffla la jeune fille, reprenant son souffle. J'ai un problème d'ordre magique.
— Que t'arrive-t-il ? s'enquit froidement Carmilla.
— J'ai voulu matérialiser un verre d'eau pour me désaltérer et il ne s'est rien passé.
— Réfléchis-tu, quelques fois ? cingla la reine. As-tu pensé un seul instant au fait que tu étais peut-être trop fatiguée pour utiliser la magie ?
— Sauf votre respect, votre Majesté, son Altesse aurait dû être en mesure de réaliser ce sort mineur. Elle venait de réaliser à merveille un sort avancé de protection. Votre Altesse, pourriez-vous avoir l'amabilité d'essayer une nouvelle fois ?
Elle acquiesça et se concentra profondément, visualisant le verre d'eau qu’elle cherchait à faire apparaître. Elle tendit le bras et ouvrit sa main, mais comme précédemment, rien n'apparut. Les yeux de sa mère s'écarquillèrent.
— Voilà qui est bien grave ! annonça-t-elle d'une voix profonde. Tu as respecté chaque étape du sort mais pourtant la décharge magique n'a pas eu lieu. C'est comme si tu connaissais une sorte de… dégénérescence magique. Et malgré cela, tu n'as aucun problème pour te métamorphoser. Marcus, qu'en pensez-vous ?
— Ceci n'est pas courant, je n'ai jamais vu cela de ma vie. Des personnes qui auraient certains pouvoirs mais en auraient perdu d'autres… je ne suis pas sûr que quelqu'un puisse réaliser un sort de cette puissance qui resterait indécelable. Même une malédiction… non, pour parler franchement, votre Majesté, je ne sais pas ce qu'il se passe ni d'où cela provient. J'ai le regret de vous annoncer que je vais devoir centrer l'entraînement de son Altesse sur le maniement des armes le temps que cessent ces fluctuations magiques.

1. 1 mètre 68 et 54,43 kg — un pied vaut quelques trente centimètres et une livre presque 500 grammes.
2. En français courant, quelque chose du genre : sur la moitié gauche, une feuille de chêne dorée sur fond bleu et sur celle de droite, un loup prêt à bondir blanc, aux yeux et griffes noirs, le tout sur fond vert.


Dernière édition par Eric, ami de Merhia le Lun 26 Oct - 16:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version   Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ - troisième version Icon_minitimeDim 20 Déc - 11:10

Chapitre 1 — Le commencement

Septième nouvelle lune, Esperanzia, Empire du Nord

Le général Alexandre attendait. Il avait donné rendez-vous à son bras droit sur la grand’place d’Esperanzia, centre économique de l’Empire du Nord et plus importante cité des Iles de l’Espoir. Un endroit où se mêler à la foule et où passer inaperçu. Et un endroit où passer inaperçu était nécessaire pour mettre son plan à exécution.
Alexandre était un elfe-nain de cinq pieds de haut, soit un très grand nain, mais de seulement deux cents livres, soit un elfe très rondouillard. Il avait des cheveux roux bouclés et une barbe très fournie qui lui descendait jusqu’à la taille. En revanche, ses yeux étaient verts et bridés, ce qui était plutôt une caractéristique elfique. Avec ses deux cents ans, Alexandre était un jeune adulte, pour les nains comme pour les elfes. Son père était l’ambassadeur du Royaume Nain à Esperanzia, tandis que sa mère était une aristocrate de la population elfique1, déchue puis ratifiée, respectivement pour association avec l’ennemi, les nains, et pour avoir déjoué un assassinat visant l’Empereur du Nord.
La personne qu’Alexandre attendait arriva enfin. C’était une jeune femme de vingt-trois ans, aux cheveux châtains et aux yeux rouges. Elle mesurait approximativement six pieds et était de stature ronde, bien qu’elle ne pesât… rien. Cette étrange particularité venait d’une potion qu’elle avait ingérée à l’âge de trois ans. Selon son père, les effets secondaires étaient imprévisibles. Hélas, cela l’empêchait de pratiquer toute magie, car elle ne pesait aucun poids dans l’éther, et ne pouvait donc pas manipuler celui-ci. Elle avait donc décidé de consacrer sa vie à l’étude des potions pour reprendre du poids… sans succès jusqu’alors, après quinze ans d’études.
— Alex’ ! l’appela-t-elle. Tu m’attendais ?
— Tu es en retard, Noémie, répondit celui-ci. As-tu apporté le philtre ?
— Oui, comme tu me l’avais demandé, dit-elle, sortant une fiole contenant ledit philtre de sa poche.

Alexandre attrapa la fiole. Il la fit tourner dans sa main et admirant la couleur verdâtre du mélange. Après quelques secondes, il lança la fiole dans les airs. De sa magie, il la fit exploser, répandant une épaisse fumée noire qui semblait figer les gens sur la place. Passer inaperçus… objectif réussi pour les deux compagnons.
Il guida Noémie dans la fumée, se guidant grâce à sa magie, à la recherche d’un signe. Ils s’arrêtèrent devant une étrange lueur bleutée qui diffusait sa lumière sur plusieurs pieds à la ronde. La jeune femme tira une dague et planta celle-ci au centre de la lueur, provocant son extinction. La fumée se dissipa. Alexandre et Noémie disparurent, laissant derrière eux un cadavre dans lequel était plantée une dague.
Le cadavre était celui d’un homme âgé aux cheveux blancs. Ses yeux étaient fermés et des rides de concentration que la mort n’avait pas réussi à détendre crispaient son front. Il portait de riches vêtements de soie noire, qui valaient probablement autant que plusieurs petites maisons. Une bourse garnie pendait à sa ceinture. Les passants à ses côtés, à nouveau actifs, se mirent alors à pousser des cris, ayant reconnu en lui le Seigneur des Iles de l’Espoir, l’homme le plus influent du nord d’Ilissiæ.


Les deux compagnons réapparurent dans une petite pièce sombre. Le sol était en pierres blanches et régulières, les murs faits de bois. Des rideaux de velours pourpre étaient tirés devant l’unique fenêtre de la pièce. La porte était fermée. Un chandelier allumé diffusait une faible lumière dans la pièce. Celle dernière était dépourvue de meubles, seul un matelas était posé à même le sol.
La jeune fille, dans les bras d’Alexandre, s’effondra soudainement. L’elfe-nain, surpris, la lâcha et elle s’écrasa lamentablement sur le sol, sonnée.
— Noémie ! s’écria Alexandre.
Il s’accroupit et commença une observation minutieuse de sa compagne, à la recherche de signes pouvant lui indiquer ce qui lui arrivait. À son plus grand dépit, il ne trouva rien. Il prit son pouls, mais ne le trouva pas. Inquiet, il commença à incanter.
Des bouffées de fumée verte sortirent de ses mains et enveloppèrent le corps de son amie. Un onde de choc se répandit alors, dissipant la fumée et propulsant Alexandre au sol.

Quelques secondes plus tard, il ouvrit les yeux et aperçu un marteau qui descendait trop rapidement vers sa tête pour que ce soit bon signe. Il roula sur le sol et se redressa. Deux soldats impériaux se tenaient devant lui.
— Vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre du Seigneur Victor ! annôna l’un d’eux.
— Pourquoi, alors, avoir essayer de me tuer, soldat ?
L’homme, perturbé par cette réponse, eut un instant d’hésitation. Cela fut suffisant pour qu’une dague se plante dans sa gorge. Le second soldat évita celle qu’Alexandre lui envoya et s’approcha, épée en main. L’elfe-nain, laissant ses ascendances naniques prendre le dessus, se précipita sur lui, sourire aux lèvres, faisant apparaître son marteau de guerre avant d’arriver au contact. Son premier coup brisa la jambe du soldat, et avant que celui-ci n’eut le temps de réagit, un marteau s’abattit sur sa cage thoracique. Il fut précipité au sol, le torse explosé par l’attaque, et décéda quelques secondes plus tard lorsque le marteau d’Alexandre réduisit son crâne en miettes.
Le général posa son marteau au sol et s’assit, contemplant les deux soldats qu’il venait de tuer. Avec cela, il ne pourrait plus diriger sa légion… il décida donc d’avertir ses lieutenants de sa fuite imminente, vers le sud dans un premier temps.
« Lieutenants, nous avons un problème. Noémie est morte et je viens de tuer deux soldats qui venaient pour m’arrêter. Je vous en prie, poursuivez le plan !»
Et il coupa brusquement tout contact, avant de disparaître.


Alexandre reprit forme dans la cité de Kha’Ramelle, cité côtière de Magys, située au centre du Delta du Grand Bleu, le fleuve principal du pays. Alexandre y était venu de nombreuses années auparavant, pour parfaire sa maîtrise du combat alternatif, une manière de combattre qu’il affectait tout particulièrement. Il se trouvait à quelques minutes de marche du port ouest de cette ville aquatique, le port des pirates, où il se rendait.
L’elfe-nain débarqua dans un grand port aux quais de bois, là où ceux du reste de la ville étaient de pierres. Plusieurs échoppes d’apparence miteuse étaient situées sur sa droite, et sur sa gauche se trouvaient de nombreux vaisseaux, majestueux pour la plupart et aux pavillons divers et variés. Alexandre entra dans la troisième échoppe à sa droite, La Chope Pleine.
Il déboucha dans un bar crasseux, rempli de gens tout autant crasseux, à l’exception des occupants de la table centrale, qui, au contraire, étaient propres, bien vêtus et paraissaient plus sobres que les autres.
— Capitaine Lhau ! aborda-t-il l’un des hommes de cette table, un grand baraqué brun et à la longue barbe, qui portait un tricorne sur sa tête.
— Général Alexandre ! renchérit Lhau. Quel bon vent t’amène ?
— La fuite et l’échec, je le crains. Je désire aller au sud. J’ai entendu dire que la perspective de l’existence d’un nouveau continent attirait de nombreux pirates… fit Alexandre, énigmatique.
— Laisse-moi te révéler un secret, chuchota le pirate. Ce continent n’est aucunement nouveau. Il a juste été oublié, nos dernières confrontations remontant à plus de quinze mille années. Sache que je viens de ce continent, et que je comptais y faire un voyage sous peu. Désires-tu que je t’y emmène ?
— Volontiers, capitaine. Et puis, ce sera l’occasion pour toi de tenir ta promesse.
— Absolument, général. Marins ! s’écria-t-il soudainement. Nous reprenons la mer !
Une immense clameur retentit autour de la table. Les pirates se levèrent et sortirent, accompagnés d’Alexandre, se dirigeant vers un petit navire : Le Requin Blanc.

En chemin, Lhau parla de ce “nouveau continent” à Alexandre. Il apprit à celui-ci qu’il venait de la Nation Gobeline, où ses parents avaient migré avant sa naissance, fuyant les guerres entre l’Empire de la Vie et le Myt’Hose.
—Quand j’habitais encore là-haut, à Boumh, j’ai appris quelques tours forts utiles dans la piraterie.
— Tels que ? demanda l’elfe-nain.
— Des explosions réalisées sans aucune magie. Mais tu comprendras mieux quand nous serons à Boumh, dans une semaine avec un appui magique, dans un mois sinon. En parlant de magie… je n’ai pas vu ta compagne ! Où est-elle ?
— Morte. Au cours d’une mission à Esperanzia. La mission a réussi, mais elle m’a coûté très cher… trop cher, devrais-je dire.
— Tu m’en vois désolé. Allez, monte à bord, nous partons !
— Capitaine ! l’interpella soudain un petit pirate caché sous un capuchon. Comment vous connaissez-vous ?
— Il y a un an, juste avant que tu ne rejoignes l’équipage, commença Lhau, nous avons pris d’assaut un navire de guerre de l’Empire du Nord en patrouille. Quand nous sommes arrivés à bord, Alexandre se dressait face à nous. Il nous a ordonné de quitter le navire, mais nous avons refusé. Il s’est jeté sur nous, seul. En quelques secondes, nous étions tous gisants au sol, blessés. Nous nous sommes rendus. Les discussions qui se sont ensuivies furent tendues, mais j’ai passé un pacte avec Alexandre. S’il acceptait mon amitié, je lui offrais le voyage qu’il voulait, quand il le voulait. Il est temps pour moi d’honorer ce pacte.
— Tu es le capitaine avec la réputation d’être le plus honorable de tous les pirates, rit Alexandre, évidemment que tu vas tenir ton engagement. Tu ne renierais même pas tes principes pour les beaux yeux de ta femme.
— Garde donc tes secrets pour toi, général en fuite, et viens plutôt discuter à la barre avec moi.

Le capitaine se dirigea vers la poupe du navire. Les marins défirent les cordes d’attache du Requin Blanc, et Lhau commença à diriger celui-ci dans le port.
Quelques minutes plus tard, à l’instant exact où le vaisseau entrait en mer, les voiles s’abattirent et un fort vent s’éleva. Le bateau, dirigé plein sud, commença sa traversée des Mers Inexplorées. Le capitaine se tourna vers Alexandre :
— Alors, dis-moi, que veux-tu savoir ?
— Tout ce que tu ne m’as pas encore dit. Les populations du sud, les langues parlées, la religion…

Et Lhau de commencer son exposé sur Bi’aülog-hye, le continent sud d’Ara-Ëlis. Il commença par parler des huit pays distincts : le Sifflant, territoire des hommes-serpents, des serpents géants, des dragons et des démons ; le Royaume-Marin, terres d’origine des hommes-poissons, ennemis des hommes-oiseaux d’Aras ; la Nation Gobeline où vivaient majoritairement des gobelins, auxquels s’ajoutaient de rares humains et elfes exilés ; le Royaume Nain, pays des nains et en guerre perpétuelle avec les Terres Sombres, au sud, où habitaient orcs, trolls, korrigans et géants ; et enfin les deux ennemis héréditaires qu’étaient le Myt’Hose, où toutes les races à l’exception de celles des Terres Sombres étaient bienvenues, et l’Empire de la Vie, qui lui accueillait tout le monde sans discrimination.
Pour ce qui était des langues, les plus utilisées étaient le courant, l’elfique ancien et le nanique. Alexandre connaissait les deux dernières grâce à sa grande érudition2. Il apprit de son guide que le gobelinesque était le plus utilisé dans la Nation Gobeline, mais que beaucoup comprenaient l’elfique ancien. Il découvrit aussi que même si le courant, du sud, était très différents du commun, du nord, tous deux avaient la même origine, mais leurs évolutions par la suite furent très différentes.
Quant aux religions, les sudistes n’avaient pas réellement de dieux. La plupart d’entre eux étaient athées, les autres croyaient en une force supérieure à l’origine de l’Univers, mais ils ne l’évoquaient que rarement, et sous le nom de Big Bang.


Efi, Septième Nouvelle Lune de l'an 9705


Votre Majesté Impériale, je vous salue

Je vous écris aujourd'hui, alors que je suis touchée par un problème d'importance capitale. Ma magie, ces derniers jours, est devenue opérante de façon aléatoire. Je peux certes toujours prendre ma forme de Louve, mais je n'ai aucune emprise sur mes autres pouvoirs. Aussi me suis-je demandée si certains Mages connaissaient le même problème et si le phénomène m'est limité ou non. Quelle est la situation dans l'Empire du Nord ? Et puis par quel miracle pourrais-je accéder au trône sans magie ? Je suis fille unique ! À qui reviendra la couronne s'il devait arriver malheur à ma mère ?

Je vous prie, Votre Majesté Impériale, de bien avoir l'amabilité de dépêcher à Efi l'un de vos conseillers,


Princesse Olivia d'Ara-Ëlis


Elle releva la tête, plia la lettre et attrapa le bâtonnet de cire posé sur son bureau à portée de main. Elle approcha celui-ci de la chandelle qui l’éclairait et attendit quelques secondes. Une goutte de cire tomba sur le parchemin et elle apposa dessus sa bague portant le sceau du royaume, cachetant la lettre. Elle réécrivit dessus le nom du destinataire et, au dos, ses titre et nom. Elle quitta son fauteuil et se dirigea vers son balcon, avant de pousser un sifflement strident.
Un pigeon vint se poser sur sa main gauche et tendit sa patte droite, à laquelle elle ficela la lettre. Suite à cela, elle agita sa senestre et l'oiseau prit son envol, nullement incommodé par le poids du parchemin. Elle le regarda s'éloigner dans l'obscurité et disparaître au loin. Elle savait que Caïus, son pigeon personnel, dressé pour faire le voyage entre Efi et la Grotte Reine, capitale de l'Empire du Nord, arriverait à destination vers l'aube.
Elle rentra dans sa chambre et appela sa camériste, Anna. Cette dernière entra dans la pièce par une porte dérobée et la rejoignit devant la psyché au cadre d'or accrochée au mur. Elle aida la Louve à défaire les lacets du corsage de sa robe noire et lui tendit une tunique en soie blanche qu’elle revêtit. Anna quitta la pièce et Olivia se coucha dans son grand lit.


Olivia se tenait debout, droite, immobile. Devant elle se tenait un Korrigan, agenouillé. Il tenait une orbe de pouvoir qui diffusait une légère lueur bleutée éclairant sa peau d'un vert profond. Elle fit un signe et le Korrigan se releva, atteignant la modeste taille de quatre pieds trois quarts. La jeune fille le regarda dans les yeux et eut un petit sursaut en constatant qu'ils étaient d'un rouge rubis, contrairement aux yeux saphir de ses semblables, ce qui était signe de puissance et de pouvoir.
— Votre Altesse, dit l'individu d'une voix glacée, si vous souhaitez récupérer vos pouvoirs, je crains qu'il ne s'agisse de la seule solution. Ouvrez les yeux ! Vous avez bien vu que toutes les autres ont échoué, non ?
— Je ne le veux pas, Korrigan, n'ai-je pas été claire à ce sujet ? Je n'apprécie pas votre solution, elle est bien trop dangereuse !
— Vous faites là une bien grave erreur, Votre Altesse. Réfléchissez-y donc quelques jours de plus !

Le Korrigan se dissipa alors en ténèbres qui recouvrirent la scène sous les yeux ébahis de la princesse, et elle se retrouva dans une caverne aux murs de cristal pur. Cinq runes étaient gravées au sol mais avant qu’elle n'ait le temps ne serait-ce que de déchiffrer l'une d'entre elles, un halo couleur émeraude l’enveloppa et une étrange chaleur se propagea en elle. Olivia tendit la main droite dans laquelle elle matérialisa sa flissa3. À peine fut-elle apparue qu'elle disparut, et les énergies échappèrent à son contrôle, faisant exploser la caverne.


La princesse se redressa soudain dans son lit, le souffle court, dans des draps trempés par sa sueur. Qu'était-ce que ce rêve ? Une intuition ? Un message envoyé par un dieu pour lui indiquer comment recouvrer sa magie ? Elle n'en savait rien, et elle n'aimait pas ça. La pièce autour d’elle lui semblait glaciale. Elle quitta son lit et ouvrit sa fenêtre en grand. Elle admira les premières lueurs du jour qui poignaient à l'horizon éclairer Efi, et regarda la ville qui semblait l’appeler. Elle rentra dans sa chambre et emprunta un escalier secret qui l’emmena à côté d'une entrée secondaire, à l'étage inférieur.
Elle s’éloigna du palais sous sa forme animale, louve immaculée, courant aussi vite que le lui permettaient ses capacités physiques. Courir pour s’éloigner, courir pour oublier. Oublier ses tourments, ses cauchemars, ses obligations. Elle savait qu’elle devrait retourner au palais, mais elle n'en était pas pressée. Les jours précédents, avec la disparition de ses pouvoirs, elle avait eu l'impression d'étouffer, là où habituellement elle se sentait à son aise, dans son élément. Mais à cause d'un verre d'eau et de ce qui en découlait, elle avait perdu toute son autonomie.

Soudain, elle sentit une présence sur sa gauche. Une présence qu’elle connaissait bien. Ce pas léger, rapide, qui la rattrapait. Elle n'eut même pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'il s'agissait de Camille, la Louve au poil roux, son amie d'enfance. Elle poussa son corps à dépasser ses capacités pour accélérer, suivie de près par sa compagne. À nouveau, le rythme incessant de ces quatre pattes martelant le sol. Olivia pénétra dans les ruelles sombres d'Efi à toute vitesse, poursuivie par Camille. Elle fuyait vers le fleuve, talonnée par sa poursuivante. À quelques mètres de l'eau, la Louve rousse sauta sur son dos et l’écrasa au sol. Elles se retransformèrent.
— Bon anniversaire, princesse ! s'exclama Camille, essoufflée. Quelle idée de me faire courir ainsi alors que je venais juste te rappeler que tu devais te préparer pour ce midi !
— Mes dix-sept ans… comment ai-je pu oublier ? Merci de me l'avoir souhaité, ma sœur de cœur. Mais qu'y a-t-il ce midi ?
— Ta mère fait donner un festin en ton honneur, et en l'honneur de ta majorité fraîchement acquise. Mais franchement, princesse, comment as-tu pu oublier ?
Et Camille donna une petite tape sur son épaule, avant de l’entraîner vers le palais. Camille était de deux ans l’aînée de la princesse. Elle avait une abondante chevelure rousse et des yeux d'un turquoise intense. Son visage fin était parsemé de taches de rousseur. Haute de six pieds, cette Louve était squelettique mais avait des courbes bien dessinées. Olivia reconnaissait sa beauté et savait que de nombreux jeunes gens étaient attirés par son charme. Elles se connaissaient depuis leur plus jeune âge, le père de Camille étant le Guerrier en charge de la sécurité du palais. Camille avait rejoint, à peine deux lunes auparavant, la garde royale secrète, composée de neuf femmes, invisibles autour de leur souverain mais pourtant bien présentes. Cette garde était composée de trois Louves, trois Enchanteresses et trois Guerrières, âgées d'entre dix-sept et trente-deux ans, ce qui rendait leur service possible pour au maximum quinze ans. Peu nombreux étaient ceux qui en connaissaient l'existence. Olivia avait suggéré à Camille de montrer de l'efficacité dans ses tâches de Louve, ce qui augmenterait ses chances de sélection, car elle savait que l'une des Louves atteindrait bientôt l'âge fatidique de trente-deux ans. Et Camille avait réussi.

En marchant vers le palais, elles discutèrent des membres de leur Ordre et de leur hiérarchie. Ils étaient au nombre de treize, dirigés par le couple Alpha, Jenaëlle, ancienne membre de la garde royale secrète, et Lucius. Contrairement aux meutes de loups, où seul le couple alpha peut se reproduire, chacun des Loups de Naomy en avait la capacité, mais à la condition que ce ne soit pas avec une autre personne de la Meute. Les Loups Bêta, en l'occurrence des Louves, étaient au nombre de trois : Camille, Clara et Justine, toutes trois membres de la garde royale secrète. Les autres Loups étaient la reine et la princesse, Arthur et Alexis, Maryne, la Louve Oméga, et Alissia, la Louve immortelle, fille de Naomy et première reine d'Ara-Ëlis, qui avait abdiqué lors de la Guerre des Cinq. L'Ordre comportait aussi deux "Loups Noirs", Aurélia et Matthéo, des Loups qui renonçaient à tous leurs privilèges de Loups, pour se fondre dans la populace et vivre une vie identique à n'importe quel lambda. Par exemple, Matthéo était artisan dans l’art de la joaillerie.

Tout en palabrant, elles arrivèrent devant les portes officielles du palais, orientées plein nord. Alors qu’Olivia allait pousser les battants de chêne pour entrer, Camille la retint par le bras.
— Je serai en charge de ta sécurité cet après-midi, aussi je n'aurai pas la liberté de mouvement que je souhaiterais pour t'offrir mon cadeau à ce moment-là, même si je resterai près de toi en fidèle amie. Aussi, voici pour la première partie de ton cadeau, princesse. Parce que nous sommes sœurs de cœur, j'aimerais te dire merci pour cette idée que tu as eu il y a maintenant onze ans. Jamais je n'oublierai cette nuit passée dans ce pentacle, où nous étions chacune dans les bras de l'autre, nos cœurs battant à l'unisson, nos pensées accordées à celles de l'autre. Pour toutes ces sensations et ces souvenirs échangés, merci, ma sœur. Je sais que tu traverses une épreuve difficile et si je n'ai pas pu être à tes côtés aussi souvent que je le souhaitais, à présent, je ne te quitterai plus jusqu'à ce que tu aies recouvré tes pouvoirs, je le jure. Même quand tu ne pourras pas me voir, je serai là, fidèle au poste, fidèle protectrice. Olivia, accepte ce modeste présent de ma part.
Camille lui tendit un paquet de soie. La princesse l'attrapa et l'ouvrit, révélant un collier réalisé d'une très fine chaîne à laquelle était accroché un loup, tous deux d'argent, aux yeux émeraude. Les larmes aux yeux sur le coup de l'émotion, la fille aux cheveux blancs serra très fort son amie dans ses bras.
— Ma sœur de cœur, c'est moi qui doit te remercier pour tout ce que tu as fait et ce que tu continues de faire pour moi. Je n'ose imaginer ce que je ferais si tu n'étais pas là.
Elles se séparèrent et entrèrent dans le palais.

L'entrée était une vaste pièce au plafond haut, aux murs de briques rouges et au sol de marbre blanc. Une porte en chêne massif, la porte de la salle du trône, leur faisait face, encadrée par deux escaliers de marbre blanc et aux rambardes d'acier. L'escalier de droite menait aux appartements de la famille royale et celui de gauche aux bureaux des personnes qui travaillaient au palais : la reine et la princesse, les Généraux, la Grande Enchanteresse, les Grands Mages des Eléments et les Loups Alphas.
La reine Carmilla se tenait debout sur l'escalier de droite, majestueuse, et les regardait sévèrement.
— Bon anniversaire, ma princesse.
Voyant qu’Olivia allait se jeter dans ses bras, sa mère demanda sèchement :
— Où étiez-vous ?
— Votre Majesté, s'inclina Camille, votre fille ne craignait rien, elle était sous ma protection, comme Lili me l'avait demandé.
— Mère, je ne craignais rien, je cours vite et le peuple m'apprécie. Pourquoi me serait-il arrivé quelque chose ?
— Au cas où tu l'aurais oublié, laisse-moi te rappeler que tu n'as plus tes pouvoirs, ce qui te met à la merci du moindre petit sort d'immobilisation. N'importe qui pourrait t'enlever ! Les ennemis de la Couronne sont toujours présents, ils ne se refusent rien et n'ont aucun scrupule. Tu aurais pu être attaquée, tuée, violée même. Il est temps que tu prennes tes responsabilités, Olivia. Aujourd'hui il y a le festin en ton honneur, mais à partir de demain, tu recevras les doléances du peuple, que je puisse juger de ta capacité à régner.
— Mère…
— Silence ! Tu n'es plus une enfant, Olivia, tu as atteint ta majorité ce jour. À partir de demain, tu seras une princesse responsable. Allez, approche, mais rappelle toi bien ce que je t'ai dit.
La reine ouvrit ses bras et Olivia s’y précipita. Camille, jugeant qu'elle était de trop, s'esquiva en silence.


Camille et la princesse se trouvaient dans les jardins du palais royal, devant un parterre de roses blanches. Les cheveux blancs d’Olivia étaient coiffés en un chignon à mèches tombantes et brillaient sous le soleil. Elle avait revêtu un corset blanc et portait par-dessus celui-ci une robe vert émeraude qui descendait jusqu'à ses pieds nus. Lors d'une discussion quelques semaines auparavant, elle avait appris de Camille que celle-ci la trouvait plus belle qu'elle-même ne l'était, mais que les hommes ne s'intéressaient pas à elle, sûrement à cause des responsabilités qui découlaient d'une telle amitié. En revanche, Camille était souvent abordée par des garçons, mais elle les repoussaient tous, invariablement, depuis plusieurs années.
— Camille ? l'appela Olivia, la tirant de ses pensées. Je pense que nous devrions y aller, ma mère doit m'attendre, je ne souhaite pas la décevoir à nouveau.
Elle acquiesça et elles partirent rejoindre la terrasse sud, où attendaient la centaine d'invités que Carmilla avait conviés, sur les conseils de la princesse. Sa sœur de cœur alla se mêler à la foule debout devant les marches, en haut desquelles se tenait la table d'honneur où devaient paraître, de gauche à droite, la marquise de la Forêt Enchantée, la reine, Olivia, le duc d'Ëlis et la duchesse d'Ara.
Elle arriva soudainement derrière sa chaise, s’attirant les applaudissements de tous les invités, qui s'inclinèrent. Elle alla se placer devant sa chaise et s’écria, de manière à ce que tous l'entendent :
— Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue. Je vous remercie de votre présence en ce jour si important pour le Royaume. En effet, j'ai l'honneur de vous annoncer qu'à partir de demain, sauf empêchement majeur, j'écouterai moi-même vos plaintes. Mais pour l'heure, je vous invite à prendre place et à manger de bon cœur !
La princesse s’inclina devant la foule, qui lui rendit son salut tout en applaudissant.

Son premier cadeau lui fut remis par le duc d'Ëlis, un homme trapu aux cheveux de la couleur des blés mûrs d'été et aux yeux marron. Il portait une chemise bleu nuit et un pantalon noir. Il lui tendit un arc long en if noir et un carquois aux flèches empennées de plumes d'aigle blanches. Elle le remercia et remit l'arc à une servante qui attendait et qui alla le porter dans le bureau de la princesse.
Le deuxième cadeau fut offert par la marquise de la Forêt Enchantée, une femme grande et fine, brune, aux yeux bleus et avec un nez crochu. Elle était habillée d'une robe de soie blanche, sans manches. Elle lui donna un bâton de pouvoir en bois de houx à la pierre d'émeraude, qui luisait doucement.
— Votre Altesse, je sais que vous avez des problèmes magiques, mais j'ai la certitude que tout sera bientôt revenu dans l'ordre, aussi je vous offre ce cadeau.
— Je vous remercie, Madame la marquise, dit Olivia, tendant le bâton à la servante.
La duchesse d'Ara fut la troisième à lui remettre son cadeau. Elle était grande et forte, avait des cheveux bruns et des yeux noirs comme du charbon. Elle portait une robe couleur rubis, en soie. Son présent était une dague, à la lame en acier et à la poignée en or finement ciselé. La jeune fille la remercia et, à nouveau, remit le cadeau à la servante.
Ainsi de suite, chacun des invités alla lui porter son cadeau : des dagues de toutes sortes et en grand nombre, quelques arcs, deux arbalètes et même une hallebarde !
Pénultième à remettre son cadeau, la reine s'agenouilla devant sa fille et lui tendit un fourreau courbe en bois duquel ressortait une poignée en or, avec une émeraude incrustée dans le pommeau. La princesse prit la poignée à pleine main et sortit du fourreau une flissa à la lame d'argent, sans garde, et à la poignée resplendissante. L'équilibre de l'arme était parfait, la lame était finement aiguisée. Olivia put reconnaître dans cette arme le travail de Marko, le meilleur artisan forgeron du royaume. Elle se leva et s’inclina devant sa mère avant de rengainer l'arme.
Camille se leva alors et la rejoignit, puis s'agenouilla, lui présentant la deuxième partie de son cadeau, une courte dague d'un demi-pied de long à la lame d'argent et à la poignée en bois de houx taillée par le plus grand artisan ébéniste d'Efi.
La princesse lui fit un signe discret pour qu'elle se relève et à peine fut-elle debout qu’elle la saisit dans ses bras. La rousse répondit à son étreinte.
Ainsi liées, elles donnaient une sensation d'unité. Deux être différents et pourtant unis. Deux esprits liés par un sentiment bien plus fort que la fraternité. Deux âmes liées par l'amour. Elles auraient aimé que ce moment dure des minutes, des heures, des jours même.
Mais troublant cet instant parfait, un aigle bicéphale luisant d'une lumière violette apparut au sol, à la droite de Camille. Trois individus encapuchonnés en sortirent.


Forêt Enchantée, Ara-Elis


« Cette nuit, la lune est noire, mais demain elle renaîtra.
Cette nuit, je suis apprenti, mais demain je serai Enchanteur.
À partir de cet instant, je suis membre de l’ordre.
Je suis tenu de protéger le royaume en temps de guerre,
J’ai le devoir d’enseigner aux futurs apprentis,
Mais aussi de les aider à faire les meilleurs choix qui puissent.
Pour le meilleur comme pour le pire, dans les ténèbres comme
Dans la lumière, je suis Enchanteur jusqu’à ma mort. »

Ambroise se releva. Il avait enfin passé serment. Il était enfin Enchanteur. À seize ans, il était le plus jeune à rejoindre l’ordre depuis Alissia4.
Ambroise était le fils de madame la marquise de la Forêt Enchantée. Il avait de longs cheveux bruns détachés et des yeux bleus en amande. Tout comme sa mère, il était grand et fin, mesurant six pieds cinq pouces pour cent quarante livres. Il était vêtu de l’habit traditionnel des Enchanteurs, une longue robe bleu foncée et portait dans le dos Khris’telh, son épée bâtarde à lame d’argent et poignée d’or enchantée avec une émeraude incrustée dans celle-ci.
— Messire Ambroise, félicitations ! retentit une voix féminine.
— Je vous remercie, maîtresse Irène, répondit le jeune homme.
— Je ne suis plus votre maîtresse, Ambroise, je suis simplement Irène, Enchanteresse parmi tant d’autres.
— Vous n’êtes pas une Enchanteresse parmi tant d’autres. Vous êtes la meilleure. Vous m’avez tant appris… je vous en serai à jamais redevable.
Irène inclina sa tête, faisant s’agiter son chignon. Elle avait des cheveux blonds et des yeux marron. Elle portait l’habit de l’ordre ainsi qu’une dague à sa ceinture et qu’un katana dans son dos. Une longue et fine cicatrice parcourait sa joue droite, stigmate d’un ancien combat de sa jeunesse.
Une femme âgée apparut alors à ses côtés. Elle avait de longs cheveux argentés détachés, un nez aquilin et des yeux verts et ronds. Elle avait revêtu une armure de plates parcourues d’éclairs bleutés, signes qu’un Enchantement habitait l’armure. La vieille femme tenait un scramasaxe dans sa main gauche et un bâton de pouvoir sur lequel était enchâssé un rubis dans sa main droite. Elle possédait une dernière particularité : elle allait pieds nus.
Ambroise et Irène posèrent le genou devant elle.
— Relevez-vous, les enjoignit-elle d’une voix mélodieuse. Dame Irène, puis-je vous emprunter messire Ambroise ?
— Faites, madame. Je venais justement de finir ma discussion avec lui, dit respectueusement Irène.
— Venez, messire ! ordonna la vieille femme.

Ambroise se releva et la suivit. Ils marchèrent silencieusement quelques minutes jusqu’à arriver devant un petit étang couvert de nénuphars. Une torche était plantée dans le sol devant ledit étang.
— Messire Ambroise, vous me connaissez de nom et de réputation, je présume. Il en est de même pour moi. Mais ce soir, j’ai une décision à prendre, et pour ce faire, j’aurais besoin de faire plus ample connaissance avec vous. Je vais donc vous poser plusieurs questions et je vous demande d’y répondre sincèrement. Pourquoi avez-vous choisi les Enchanteurs ?
— Contrairement aux précédents marquis de la Forêt Enchantée, ma mère m’a laissé choisir ma voie. Je n’avais que six ans, mais les Enchanteurs m’avaient toujours impressionné, contrairement aux Mages des Éléments. Aussi ai-je choisi de rejoindre les Enchanteurs. Je n’ai jamais regretté ce choix. Mais… madame… pourquoi ces questions ?
— Moi, Grande Enchanteresse Lucia d’Ara-Ëlis, ai besoin de former quelqu’un au commandement, car cela fait partie de mes missions en temps que Grande Enchanteresse. Les Enchanteurs m’ont conseillé plusieurs jeunes gens, mais mon choix s’est arrêté sur vous, messire Ambroise de la Forêt Enchantée.
— Vous… vous désirez me former au commandement des Enchanteurs d’Ara-Ëlis ?
— Oui. Vous avez toutes les qualités nécessaires pour me remplacer lorsque je rendrai ma place. Mais je comprendrais que vous souhaitiez en discuter avec votre mère.
— J’accepte. Marcus vous a formée durant quarante ans avant de se retirer. Si je refuse et que l’Enchanteur qui accepte fait la même chose, cette occasion ne se présentera plus pour moi, car j’aurai dépassé l’âge maximum de quarante ans pour être formé au commandement. Le risque est trop grand que cette occasion ne se représente jamais, de fait, j’accepte.
— Êtes-vous sûr de votre décision ?
— Certain, madame. Moi, Ambroise de la Forêt Enchantée, accepte la proposition qui m’a été faite par la Grande Enchanteresse Lucia d’Ara-Ëlis et accepte de devenir son apprenti.
— Messire Ambroise, vous êtes officiellement mon apprenti et candidat au titre de Grand Enchanteur lorsque je me retirerai.
Le rubis du bâton de pouvoir de la Grande Enchanteresse pulsa soudainement, puis un rayon rouge s’abattit sur Ambroise.



1. Un Royaume Nain se situe dans les Royaumes Maudits d’Ilissiæ, d’où vient le père d’Alexandre, le second se trouve au sud d’Ilissiæ. Ce n’est pas le cas de la population elfique, qui, elle, est disséminée dans tous les royaumes du nord d’Ilissiæ.
2. L’elfique ancien n’est plus parlé au Nord, mais reste la langue de la noblesse, ce qui explique qu’Alexandre la connaisse. En revanche, il n’a pas évolué au sud depuis le dernier contact des deux continents.
3. Une flissa est un sabre d’origine algérienne
4. Alissia fut Enchanteresse, puis créa les Loups de Naomy en accédant au trône après avoir réuni Ara, Ëlis et la Forêt Enchantée en un seul royaume.
5. Quelques huit mille sept ans ans auparavant, à la veille d’une guerre destructrice, les roi et empereur d’Ara-Ëlis et de l’Empire du Nord, ennemis héréditaires, ont passé un pacte d’alliance à la condition, pour Ara-Ëlis, de vénérer Eldric, et pour l’Empire du Nord de vénérer Naomy.
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