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 Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ — version quatre, vraiment nouvelle

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Eric, ami de Merhia
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MessageSujet: Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ — version quatre, vraiment nouvelle   Les Royaumes Maudits d'Ilissiæ — version quatre, vraiment nouvelle Icon_minitimeVen 12 Fév - 18:26

Prologue

Il regardait le mur de pierre face à lui, serein. Cela marcherait, il n'y avait pas à s'inquiéter. La princesse tomberait, et avec elle la reine, le royaume, puis tout le nord, tout le continent. Après, il lui faudrait récolter les fruits des graines qu'il avait semées au sud. Avec tout ça, Ilissiæ serait finie, et ce serait les Royaumes Maudits d'Ilissiæ qui se lèveraient et qui dirigeraient. Grâce à une seule personne : lui. Mais tout n'était pas encore joué. Il restait à ce que la princesse tombe dans le piège, mal accompagnée. Une seule solution pour s'assurer la réussite totale : la mort de tous, dans un endroit discret, si possible chez lui, qu'il puisse dissimuler les corps. Au sud, les enfants le rejoindraient de leur propre initiative.
Quelques mois, quelques années au pire, à attendre, et il serait roi. Roi par manque de choix, mais pourtant roi choisi. Ne restait qu'à attendre que le temps passe, et à assurer les quelques éléments sensibles.

Chapitre 1
Esperanzia

Le général Alexandre attendait. Général, non pas qu’il commandait beaucoup d’hommes, mais parce qu’il occupait l’un des plus haut postes de l’Empire du Nord, étant en charge de la sécurité de l’Empire.
Il avait rendez-vous ici, sur la grand’place d’Esperanzia, mais son contact était en retard, ce qui expliquait son attente. Alexandre contemplait la foule depuis le balcon de la taverne où il se trouvait. En ce début d’après-midi, l’affluence était plus qu’importante, et la place était noire de monde. Il concentra son regard sur un groupe de femmes. Elles étaient trois sœurs, toutes physiquement identiques, six pieds de haut, probablement quelques deux cents livres, de longs cheveux roux détachés et des yeux perçants qui scrutaient la populace sans la moindre relâche.
Alexandre les connaissait bien, puisqu’elles avaient combattu plusieurs fois à ses côtés et qu’ils avaient fini leur apprentissage des arts guerriers ensemble, dans la cité de Kha’Ramelle. Tous quatre avaient appris à maîtriser ce qui portait le vague nom de combat alternatif, et qui consistait, dans les faits, en un style de combat barbare et avec des armes peu communes, comme des marteaux, ou des objets anodins.
Lors de leur apprentissage, l’une d’entre elle, Alys, avait été son amante. Aujourd’hui, elle était sa pire ennemie. Ses sœurs avaient tenté plusieurs fois de le tuer. Bref, ce n’était plus le grand amour. Mais Alexandre ne désespérait pas pour autant. Il était persuadé qu’un jour tout ça pourrait changer. Quand exactement, par contre, il n’en avait absolument aucune idée.
Alexandre était beau, il le savait. Hélas, cela faisait de lui quelqu’un d’arrogant. C’était un elfe à la peau pâle qui mesurait huit pieds et pesait à peu de choses près cent quatre-vingts livres. Il avait des yeux verts, bridés, et des cheveux bruns, souples et lisses, d’une magnificence rare. Ses oreilles pointues dépassaient desdits cheveux, formant deux petites pointes sur la courbe parfaite de son crâne. Il portait un anneau d’argent à son oreille droite et un en or au sourcil gauche. En ce jour froid, mais tout de même ensoleillé, de début d’automne, il était vêtu d’un pantalon de cuir et d’une chaude veste en tissu. À sa ceinture étaient attachés trois dagues et un puissant marteau à la tête impressionnante.
Soudain, son regard croisa celui d’Alys. Il la vit parler à Célia, celle qui était, de l’avis d’Alexandre, la plus stupide des trois. Intrigué par ce qu’elles allaient faire, il observa attentivement le dialogue entre les trois sœurs. La dernière, Sophia, particulièrement douée pour la magie, sembla se mettre à psalmodier quelque chose, probablement une de ses maudites formules. Mais elle était trop prévisible. Ce faisant, elle avait affaibli les protections établies autour d’elles trois et Alexandre put investir l’esprit d’Alys. Ce qu’il y vit le surprit. La seule chose qui semblait la préoccuper était les manigances de l’ambassadeur des pays gnomes1 à Esperanzia. Ambassadeur qui, à première vue, avait des occupations peu légales, voire totalement illégales. Il allait devoir se renseigner là-dessus, cela pourrait être utile en cas de guerre…
Le général quitta l’esprit de son ex-amante et jeta un coup d’œil sur la place. Bien que la foule soit omniprésente, il put remarquer un petit attroupement autour d’un étal. Détaillant la scène, il put s’apercevoir que l’un des protagonistes était l’ambassadeur. Ainsi, ce n’était pas un hasard si les trois démones étaient là. Un coup d’œil vers l’un des cadrans solaires de la place lui apprit que son contact aurait dû être là depuis une bonne demi-heure maintenant. Quelle poisse ! Il décida de rester encore un peu, pour, si possible, en apprendre un peu plus sur les plans de ses ennemies.

Car oui, Alexandre était curieux. Trop curieux, peut-être. Il le savait, mais il s’en foutait. Un jour, cela lui porterait probablement préjudice, mais en attendant, autant profiter de sa chance et bien s’en sortir. Et là, il voulait savoir ce qui se tramait. Les sœurs Ilya, puisque tel était leur nom, travaillaient habituellement à leur compte, et subsistaient en dévoilant ouvertement des secrets, la plupart du temps du genre qui pouvait mener à une guerre, ou du moins à des émeutes. Du coup, cette situation, ce jour-là, devait cacher quelque chose. Il fallait qu’il trouve quoi avant les trois sœurs.

Le général se retira avec une choppe pleine à l’intérieur du bar, appelé Les Trois Bières, pour réfléchir à sa stratégie. Ses choix étaient assez limités. Il ne pourrait pas espionner l’esprit du gnome, puisqu’ils étaient immunisés à ce type de magie. Un espionnage comme le faisaient les trois Ilya risquait de le faire tomber sur l’une d’entre elles, ce qu’il devait à tout prix éviter, et il risquait de passer à côté d’éléments primordiaux. Troisième solution, l’infiltration, ce qu’il ne pourrait probablement pas faire seul, à son plus grand dépit. La dernière solution qui pouvait être envisagée résidait en un espionnage magique, en infiltrant dans l’ambassade gnome des Oreilles Chantantes, qui pourraient recueillir les informations importantes. Mais Alexandre n’avait aucune idée de la nature du problème, et cette solution pouvait n’aboutir à rien.
Poussant sa réflexion, le général établit que la solution qui apporterait probablement le plus de résultats était la troisième. Il demanderait à Noémie, sa plus fidèle lieutenante, de trouver un truc. Il lui demanderait de faire ça vite, et avec un peu de chance, il l’aurait peut-être dans quelques jours. En effet, Noémie était le contact qu’il aurait dû rencontrer sur la grand’place un peu moins d’une heure auparavant.
D’ailleurs, puisqu’il y pensait, il la vit entrer dans le bar. Comme toujours, la jeune femme de vingt-trois ans paraissait pommée, sans trop savoir ce qu’elle faisait là. Elle avait des cheveux châtains coupés courts et des yeux rouges. Elle mesurait approximativement cinq pieds et demi et était de stature plutôt ronde. Cependant, elle avait une particularité bien à elle : lorsqu’elle était enfant, elle avait ingéré une potion qui lui avait fait perdre tout poids, et qui l’empêchait de pratiquer toute magie2. Lorsqu’elle eut repéré Alexandre, elle marcha à grands pas en sa direction et s’assit sur la chaise face à lui sans un mot.
— Désolée pour tout à l’heure, j’avais égaré le dossier que je devais te refiler, s’excusa-t-elle.
— Je connais la chanson, merci. Ne pourras-tu donc jamais arriver à l’heure quelque part ?
— J’allais pas venir sans ce pourquoi j’étais venue. T’aurais fait quoi, sans ton dossier, et quoi, si quelqu’un était venu me le voler chez moi ?
— Écoute, je suis bien sympa avec toi depuis le début. Tu fais un meilleur boulot que tous mes hommes. Mais si tu es incapable d’être à l’heure, je ne peux pas continuer à bosser avec toi. Alors, pour la dernière fois, soit tu es à l’heure, soit tu redeviens simple soldate.
— Alexandre, tu sais bien que je peux rien te promettre. Mais j’essaierai de faire des efforts. Sinon, je peux savoir ce que tu fous là ? T’es pas du genre à rester longtemps m’attendre. D’habitude, tu te casses et je me retrouve seule à boire un coup.
— Fais donc voir ton super dossier, je t’explique après.

Noémie sourit et déposa le dossier sur la table. Elle avait passé une semaine à récolter des infos confidentielles sur le seigneur des Îles de l’Espoir. Pour une raison qu’elle ignorait, Alexandre projetait de l’assassiner. Elle avait donc constitué un dossier avec ses habitudes, les problèmes actuels des Îles, et d’autres choses avec plus ou moins d’importance. Elle posa aussi sur la table une fiole, qui contenait une potion dont l’objectif était de diffuser une épaisse fumée sur les alentours. Noémie avait assez souvent travaillé avec Alexandre pour savoir qu’il aimait la discrétion lorsqu’il projetait d’assassiner quelqu’un.
— J’ai fait ma part. Pourquoi tu voulais ce dossier ?
— Je cherche à étouffer dans l’œuf une guerre contre les Royaumes de l’Est. Il est plus que probable que les trois Royaumes montent en secret une grande armée contre l’Empire, contre Ara-Ëlis et peut-être même contre le Magys. Ce que nous devons à tout prix éviter. Si cela arrivait, ce serait un massacre, qui aboutirait peut-être à la disparition de l’un de nos États.
— Ce serait horrible. Qui t’as prévenu d’une guerre pareille ?
— Ma mère, mais rien n’était sûr lorsqu’elle m’en a parlé. Par contre, grâce à mon dossier, je vois que notre cher seigneur s’est rendu pas mal de fois dans les ambassades des trois Royaumes ces derniers temps, alors qu’il n’y avait jamais mis les pieds encore l’an dernier. Or, je tiens de l’Empereur en personne qu’aucune transaction avec les trois Royaumes n’est en cours actuellement. Ce qui nous prouve bien qu’un truc se prépare. Je pense que l’Empereur me donnera carte blanche pour assassiner notre seigneur, auquel cas je m’en occuperai immédiatement avec l’aide de Thomas. Pendant ce temps, j’aimerais que tu t’infiltres à l’ambassade gnome. Je pense pouvoir dire que l’ambassadeur cache quelque chose.
— Les sœurs Ilya ont encore frappé ? La dernière fois que j’ai fait ça, je me suis faite accusée de meurtre.
— Tu n’avais qu’à être à l’heure. Prends ça comme une revanche. Allez, file, je vais voir l’Empereur.

Noémie, sachant qu’elle ne pourrait pas argumenter contre Alexandre, quitta le bar. Le général termina sa bière puis quitta la salle. Noémie lui posait problème. Elle était talentueuse, c’était même la plus talentueuse de ses lieutenants, jamais elle ne le décevait en mission, elle n’avait pas son pareil pour arrêter les traîtres et pour les tuer dans le pire des cas. Mais elle n’en faisait qu’à sa tête, préférant s’infiltrer de face quand la discrétion était de mise, et vice-versa. Deux fois, elle s’était faite arrêter et envoyer au cachot ! Pourtant, c’était plus fort que lui, il lui pardonnait toujours. Peut-être parce que c’était sa cousine… pourtant, il n’avait jamais eu cette patience avant, quand sa sœur aînée était encore dans l’équipe, avant sa mort tragique.
Profondément perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas ce qu’il se préparait devant lui. C’est contre son gré qu’il se retrouva dans ce piège mortel. Une lame de poignard s’abattit sur lui et seuls ses réflexes lui sauvèrent la vie.
Un rapide coup d’œil à l’entour lui permit de se rendre compte de la situation. Sept soldats de l’Empire se trouvaient face à lui, et autant derrière, lui coupant toute retraite. Il se trouvait dans une petite ruelle, raccourci vers le palais impérial. Les options qui s’offraient à lui n’étaient guère nombreuses. Le combat. La fuite, difficile. La reddition, probablement perdue d’avance. C’est avec un sourire aux lèvres qu’Alexandre tira son marteau.
Il se précipita sur l’homme qui l’avait attaqué. La tête du marteau rencontra celle du soldat, qui s’écroula sur le sol, la cervelle brisée. Le général continua son massacre, tournoyant, son arme brisant tous les os qui venaient sur son chemin. Une boucherie. En quelques secondes, avant d’avoir pu réagir, tous les soldats étaient décédés. Tous, à l’exception d’un survivant, qui s’était retiré. Il regardait Alexandre avec un regard terrifié. Jamais il n’avait vu un aussi bon combattant.
— Tu comptes me donner un vrai combat, toi ? lui cracha le général.
— J’espère. Je compte mourir avec honneur !
Bien que sachant n’avoir aucune chance, le soldat se jeta sur Alexandre, épée bâtarde en main. Sa lame rencontra la tête du marteau, et un pied le jeta au sol. Il allait mourir, son crâne broyé par le coup qui venait trop vite. Mais au dernier moment, il roula sur le sol et se releva, un mètre plus loin. Le soldat profita de ce qu’Alexandre était déséquilibré pour lui abattre la garde de son épée sur la nuque. C’était déloyal, il le savait, mais il devait en profiter.
Pourtant, solide comme un roc, le coup ne parut même pas toucher l’autre, qui se releva, comme si rien ne s’était passé.
— Tu te défends, toi, au moins. Mais désolé, il faut que je parte de ce pays qui ne veut pas de moi. J’aurais bien aimé te laisser en vie, mais avec ce qu’il s’est passé, je ne peux pas vraiment. Désolé…
Avec horreur, le soldat vit le marteau qui volait vers sa tête. Il ne put rien faire pour l’éviter. Il mourut sur le coup. Alexandre récupéra son arme, l’essuya sur un corps et la rangea, puis ferma les yeux du dernier qu’il avait tué. Il avait combattu vaillamment, mais il n’était pas assez rapide. C’est dommage, après une formation il aurait probablement fait un merveilleux soldat…


Efi

Olivia aimait sa vie. Une vie enviée par toutes les petites filles du royaume, mais contrairement à ce qu’elles pouvaient penser, c’était une vie dure et où tout n’était pas permis. Par exemple, Olivia n’avait pas le droit de se montrer avec la personne qu’elle aimait, pour une raison stupide. Olivia ne pouvait pas porter les vêtements qu’elle voulait. Olivia ne pouvait pas aller courir dans la ville si l’envie lui prenait. Olivia devait se tenir droite, fière de sa famille, de sa position. Olivia devait être présente à toutes les grandes occasions. Mais elle aimait bien ces contraintes, qui lui rappelaient qu’elle n’était qu’une humaine parmi tant d’autres.
Olivia était la princesse héritière du royaume d’Ara-Ëlis, fille de la reine Carmilla. Elle avait la peau d’un blanc clair, un blanc d’albâtre. Ses yeux bleu-gris en amande étaient cachés sous des mèches de ses cheveux blancs argentés, cheveux qui effleuraient son nez droit et fin, passaient devant sa bouche d’une finesse plus qu’importante, pour terminer leur chute au niveau du bas de sa poitrine.
La princesse se tenait debout, nue, devant la fenêtre qui donnait sur le parc du palais. La lumière de la lune baignait son corps d’une magnifique lueur argentée. Elle resplendissait de beauté dans la nuit. Mais Olivia n’était pas seule dans la chambre. Sur son lit, allongée, nue de même, une jeune femme la contemplait.
— Arrête donc de montrer ton corps aux papillons, princesse, et viens donc par ici ! l’enjoignit-elle.
— Non, désolée, mais j’ai pas l’esprit à ça maintenant, Cam. J’ai un problème autrement plus important.
— Non, t’es pas moche ! Et ton corps est tout ce qu’il y a de plus sensuel. Allez, approche !

Olivia tourna la tête vers Camille et soupira. Camille était une jeune femme brune de dix-neuf ans aux yeux verts, qui connaissait Olivia depuis la naissance de celle-ci. Elle avait alors deux ans. À cinq, elle avait décidé qu’elle donnerait sa vie pour celle de sa princesse. Elle avait alors était formée par son père, commandant de la garde royale, jusqu’à ses quinze ans. À ce moment, elle était l’une des meilleures guerrières du royaume. Sa pratique de la magie, rare pour une guerrière, mais pas assez suffisante pour devenir enchanteresse, lui avait permis de rejoindre l’ordre des Loups de Naomy, ordre duquel son sens aiguisé du combat lui avait permis de devenir Louve Bêta. Pour fêter cette entrée, Olivia qui, comme toute sa famille, en était membre, avait décidé de coucher avec elle. C’était la première fois qu’elles faisaient ça, la première fois d’une longue série. Depuis elles se voyaient deux fois par mois, quand ce n’était pas plus. Le jour de ses dix-sept ans, pour marquer le coup de sa majorité, elle avait proposé à Olivia de devenir sa sœur de cœur par un enchantement complexe que les deux jeunes filles avaient réalisé dans la chambre de la princesse. Elles étaient désormais liées par des liens plus forts que ceux de sang, des liens renforcés par ceux de l’amour entre elles deux.
C’était une histoire joyeuse, mais hélas vouée à l’échec. Comme Olivia était la princesse, elles ne pouvaient pas se montrer ensemble main dans la main comme elles aimeraient pouvoir le faire. Et un jour proche, Olivia devrait se marier avec un homme qu’elle n’aimerait probablement pas, simplement pour faire plaisir à sa mère et pour donner un héritier ou une héritière au trône.

Dans le regard qu’Olivia lui montra, Camille lut une tristesse immense. Elle connaissait suffisamment bien son aimée pour savoir qu’à ce stade, cela devait faire plusieurs jours qu’elle ruminait ses problèmes. Et si elle refusait de coucher avec elle, alors qu’elles venaient de le faire dix minutes plus tôt, cela avait dû franchir un cap jamais atteint auparavant. La brune s’inquiéta de l’état de la princesse.
— Qu’est-ce que t’as ?
— Je sais pas trop. Une sorte de pressentiment depuis plusieurs jours, dont je crains qu’il ne se confirme sous peu. Je ne sais pas vraiment de quoi il s’agit, mais ça me fait peur. J’ai peur qu’une guerre sans précédent soit à notre porte, une guerre dont nous ne connaîtrions pas l’ennemi, une guerre avec des conséquences que nous n’oserions même pas imaginer. Et ce dont j’ai le plus peur, c’est que cette guerre soit déjà à nos portes et débarque sans frapper dans nos vies. Et je plains d’avance les gosses qui vont peut-être devoir grandir dans la douleur, sans famille, seuls, poussés au vol pour survivre.
— Pourquoi tu crains autant une guerre ? As-tu au moins vu un seul signe l’annonçant ?
— Il n’y a aucun oiseau dehors. Ça n’arrive jamais, surtout à cette période de l’année. Je pense que ça cache quelque chose, comme s’ils avaient un sixième sens qui leur annonçait un malheur.
— Y’a peut-être une autre explication, tu crois pas ? Et puis s’il devait y avoir un malheur, le royaume se dressera face à lui, comme il l’a fait pendant la Guerre des Cinq.
— C’était y’a presque sept mille ans ! Tu penses que c’est toujours pareil ? Détrompe-toi ! La mort vient sur nous, et on va devoir lutter pour survivre le plus longtemps qu’on puisse.
— Olivia… reprends-toi ! T’as dix-sept ans demain, tu vas pouvoir prendre une part encore plus importante de la vie politique du royaume. Si tu crains une guerre, tu pourras préparer une grande armée.
— Non, pas une grande armée. Mais un petit groupe de femmes chargé de la protection de la famille royale, ça, oui, c’est possible. Elles pourraient s’occuper des problèmes du royaume, des traîtres… ce serait bien.
Camille soupira. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait Olivia lui parler d’une garde féminine. Mais elle ne voyait pas l’utilité de cela. Si traîtres il y avait, ils ne se feraient pas avoir aussi facilement. Il faudrait que ce projet soit secret. Que seuls les membres de cette garde, la famille royale et peut-être le capitaine de la garde royale devraient connaître. Un secret mieux gardé que les coffres d’or du royaume. Mais pour le moment, ça ne pressait pas, elle pouvait attendre encore un peu avant d’en parler avec la princesse.

Olivia attrapa vivement la robe qui traînait sur le bas du lit et l’enfila d’un geste fluide. Elle se dirigeait vers la porte de la chambre lorsque Camille l’arrêta.
— Tu vas où ?
— J’ai un truc que je veux vérifier !

Camille, paniquée par cette réaction soudaine, sauta dans son pantalon en coton et passa sa chemise sur ses épaules. Elle termina de l’enfiler dix mètres plus loin. La princesse se dirigeait à grands pas vers son bureau. La brune la rattrapa quelques secondes après qu’elle soit entrée dans la pièce.
Un globe de feu flottait dans les airs. Devant les murs de droite et de gauche se trouvaient deux grandes bibliothèques remplies de livres de comptes, de chroniques sur la royauté d’Ara-Ëlis, de cartes. Face à elle, derrière le bureau de bois de chêne massif, une immense baie de verre coloré, jaune, bleu, vert. Cela faisait rentrer, de jour, une belle lumière tamisée. Cette nuit-là, l’angle avec la lune permettait à la lumière de celle-ci de traverser un carreau représentant le blason d’Ara-Ëlis, lequel se diffusait sur le bureau. Sur le mur derrière Camille étaient accrochés des tableaux de différents rois et reines du royaume au cours du temps, tous ayant réalisé de grandes choses pour l’île. À droite de la porte, une statue de louve, qui représentait Naomy, la déesse-louve.
Olivia se tenait droite devant les journaux d’Alissia et de Clément. Alissia, Louve immortelle ayant régné un millénaire durant, Clément son fils, qui avait régnait lors de la Guerre des Cinq, de laquelle sa tante Océane était l’une des principales protagonistes, bien qu’elle y mourut lors de la bataille contre Arthur, ancien dieu de la force, remplacé par Jenaëlle après sa mort lors de la guerre.

— Olivia, tu fais quoi ?
La jeune fille parut agacée par l’intervention de son aimée. Elle posa le livre qu’elle tenait, mais sans perdre sa page et se tourna vers Camille.
— Je t’ai dit que je voulais vérifier un truc. T’es bouchée ou quoi ? demanda-t-elle, agressive.
Sa fureur était plus importante que tout ce dont elle avait déjà pu faire montre par le passé. La brune en resta bouche bée. Jamais elle n’avait vu une telle animosité à son encontre dans le regard de la princesse. Elle quitta la pièce, laissant seule une Olivia furieuse.
La princesse regarda la porte que venait de claquer Camille. Que se passait-il soudainement ? Qu’avait-elle ? Jamais elle n’avait autant été en colère contre quelqu’un, quelle que puisse être la raison. Quand elle disait qu’il se passait quelque chose d’anormal… pourquoi personne ne voulait-il la croire ? Elle n’était pourtant pas folle…
Olivia tendit la main droite vers le globe de flammes et ordonna à celles-ci de rejoindre sa main. Des langues de feu s’étirèrent vers son bras et s’enroulèrent autour de celui-ci. Ce n’était pas un feu chaud, au contraire, il était glacial, mais le contact du froid lui fit du bien.
« Ambroise ! appela-t-elle mentalement. T’es couché ?
— Votre Altesse, la mi-nuit est passée depuis longtemps
, répondit-il immédiatement. Heureusement pour toi que j’étais réveillé pour la cérémonie des enchanteurs.
— Ce n’est toujours pas fini ?
— À l’instant. Ils étaient dix à être prêts aujourd’hui, ils sont passés chacun leur tour. Je tombe de sommeil et mère aussi, je le crains. Que me veux-tu ?
— J’ai besoin d’un enchanteur puissant, et je ne dois pas en parler à ma mère, elle me croirait folle. C’est pourquoi je demande ton aide.
— Ça ne peut pas attendre un petit peu, que je dorme un peu ? Je suis crevé, Olivia… Je suis sûr que ton problème ne vas pas disparaître subitement pendant la nuit. N’es-tu pas de mon avis ? Allez, va te coucher, nous en parlerons demain.
— Demain, c’est mon anniversaire. C’est maintenant que j’ai besoin de toi. Allez, viens, maintenant. Ou je débarque chez toi dans quelques instants.
— À vos ordres, Votre Altesse…
soupira-t-il, résigné. Je serai là dans une dizaine de secondes. »

Dix secondes plus tard exactement, une touffe de cheveux bruns franchit la porte. Suivirent deux yeux bleus en amande. Ambroise était le fils de la marquise de la Forêt Enchantée. Tout comme sa mère, il était grand et squelettique, mesurant six pieds cinq pouces pour cent dix livres seulement. Il portait l’habit traditionnel des enchanteurs, une longue robe bleu foncée et dans son dos était attachée Khris’telh, son épée bâtarde à lame d’argent et poignée d’or enchanté, une émeraude enchâssée dans le pommeau. Il s’inclina devant la princesse, la main sur le torse.
— Votre Altesse, Ambroise de la Forêt Enchantée, pour vous servir… salua-t-il, sourire aux lèvres.
— Arrête tes enfantillages. Si je t’ai fait venir, ce n’est pas pour t’entendre dire des choses inutiles. Ma demande n’est pas simple à formuler…
— Vas-y, plus tôt tu auras demandé, plus tôt nous pourrons dormir, la pressa-t-il.
— Je veux savoir ce que j’ai, dit Olivia sans la moindre délicatesse.

Ambroise se figea. Il savait très bien ce qu’elle avait, et elle aussi. Cependant, il avait senti que ça s’était réveillé dès qu’elle l’avait contacté, quelques minutes plus tôt. Depuis sa naissance, Olivia était maudite. Elle était en effet née sous une lune de sang, lune qui lui assurait, comme à toutes les autres personnes nées à ce moment, une vie difficile, remplie de déceptions et de tristesse. Jusqu’à présent, la malédiction était restée en sommeil. Hélas, il semblait qu’elle venait de se rappeler à Olivia. Rien ne pouvait la sauver. Depuis la nuit des temps, chaque fois que la lune de sang s’était manifestée, un antidote avait été cherché, hélas il n’avait jamais été trouvé. Une légende disait que cinq runes, les Loû’, runes qui, si l’on en croyait la légende, se trouveraient quelque part dans les Royaumes Maudits d’Ilissiæ, pourraient guérir la personne touchée de la malédiction. Mais malgré bien des expéditions envoyées pour les trouver, les Loû’ restaient légendaires.
— La malédiction… souffla Ambroise à l’adresse d’Olivia. Elle se réveille. Et ce n’est pas bon pour toi.


Sel’Ülhe

Le jeune fils de démon para une attaque verticale, avant d’éviter la lame venant de sa gauche. Il assena son épée bâtarde sur son adversaire, lequel bloqua le coup de justesse en croisant sa dague et son scramasaxe au-dessus de sa tête. Mais rien n’arrêta le coup de pied qui fut projeté dans le même temps. L’adversaire le prit malencontreusement dans le bas de l’estomac et fut violemment projeté au sol.
Le jeune homme sourit. Il l’avait encore eu… comme toujours !
L’adversaire avait une peau de la couleur du charbon et des yeux jaunes brillants. Ses longs cheveux verts tombaient en cascade dans son dos. Des cornes sombres dépassaient de ses cheveux. L’adversaire mesurait peu ou prou six pieds et était assez fin. Il avait un anneau en argent à l’oreille gauche. L’adversaire avait des courbes bien dessinées au niveau de la poitrine et une musculature invisible, ce qui ne l’empêchait pas d’être capable de porter des dizaines de livres sans la moindre difficulté.
— Félicitations, Seigneur Kalh, vous avez vaincu ! s’exclama l’adversaire d’une voix mélodieuse. Comme toujours.
— Dame Epy, ne soyez pas si modeste, vous vous êtes vaillamment défendue, dit le dénommé Kalh d’une voix douce.
Kalh s’appelait en réalité Kalh’Ypsöm, c’était le fils du Seigneur Démon Rod’Rish. Il était âgé de vingt-deux années, ce qui en faisait l’un des plus jeunes et des plus talentueux enfant de démon de l’entière Ilissiæ. Il avait une peau ocre qui faisait ressortir ses yeux, du vert des sapins, et qui mettait en avant ses cheveux bleu nuit. Deux petites cornes dépassaient desdits cheveux, qui tombaient en cascade dans son dos. Kalh avait des oreilles pointues dont la pointe était visible par-dessus la ligne de ses cheveux. Il était petit, mesurant quelques cinq pieds, et avait une musculature peu prononcée. Dans son dos se dessinait un énorme tatouage représentant une hache, dont la tête se trouvait au niveau de ses omoplates.

— Peut-être, mais ma mère ne s’en satisfera pas plus que la dernière fois, vous le savez aussi bien que moi.
La mère d’Epy, ou Epy’Khrìt de son vrai nom, était Lady Anh’Imozìté, la plus respectée de toutes les démones pour avoir occis une troupe de démons mineurs qui cherchaient à s’en prendre à elle lorsqu’elle avait une vingtaine d’années. Elle tenait absolument à ce que sa fille soit aussi puissante qu’elle et que son nom reste pour les générations futures pour cela. Epy, pourtant, était une redoutable sorcière, quasi-invincible en duel magique, mais sa mère refusait de voir cela, jugeant que la seule technique de combat valable était la voie des armes.
— Je sais… peut-être préférerez-vous un duel magique ? Et je vous propose même de garder notre pacte valable pour ce combat.
Kalh savait qu’il perdrait, mais sur le coup, il n’y pensa même pas.

Après un bref salut, il lança une boule de feu sur Epy, directement sur son visage. À une seconde de sa cible, la sphère s’arrêta, en équilibre dans les airs, puis disparut. La fille de démon rit de sa voix claire, et s’approcha de Kalh à toute vitesse. Celui-ci ne réagit que grâce à ses réflexes, qui lui permirent de s’écarter du chemin emprunté par son adversaire. Dans le même temps, il se retourna et envoya un filet d’énergie pour immobiliser la jeune femme. Mais ledit filet ne rencontra rien d’autre que le vide, Epy n’étant plus là. Kalh s’entoura d’une épaisse protection que rien ne devrait réussir à briser.
Pourtant, il se retrouva immobilisé quasi-instantanément. Il put sentir que son bouclier avait disparu. Epy reprit forme devant lui, sourire aux lèvres.
— J’ai gagné… Tiendras-tu ta promesse ?
— Oui… soupira Kalh.
Epy, soulagée, ravie, se rapprocha du jeune homme, de plus en plus. Elle l’embrassa doucement et s’éloigna quelque peu avant d’arrêter son sort qui le maintenait immobile.

1. Pays gnomes des Royaumes Maudits d’Ilissiæ.
2. Comme elle ne pesait aucun poids dans l’éther, elle ne pouvait pas manier celui-ci et se retrouvait privée de magie.
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