Les mots s'envolent, histoires en ligne
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 Intro science-fiction

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Ethan.J.Hawkins
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Ethan.J.Hawkins


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MessageSujet: Intro science-fiction   Intro science-fiction Icon_minitimeSam 21 Déc - 20:48

LA SPHÈRE





INTRODUCTION


* * *


Bâti de la main de l'homme et conçu par nos plus grands penseurs, élevée au dessus de la montagne d'Angarh, surplombant l'immensité de la cité, si grande et majestueuse, elle, qui à la nuit tombée s'illumine d'un halo de feu dont mille yeux de dragons courroucés la protège en permanence, d'une beauté singulière et dont aucun individu notoire ne peut y accéder. Juste pour la retrouver, je souhaiterai réussir à toucher cet amas de fer et tenter d'y pénétrer, une fois encore... et laisser l'enfer brûler derrière moi...

Extrait du recueil de souvenirs d'Alexander Howards.


Paul se rassît entre les décombres et une caisse de pièces en ferraille dont l'utilité lui était inconnue. Il enfonça lentement sa tête entre ses mains, juste le moment de comprendre. La nuit tombait doucement et dissipa un peu plus chaque secondes le chaos qui régnait dans la ville. Le décor était encore plus atroce qu'il se répandait maintenant dans le cœur des habitants, leur procurant une rage qui justifiait leurs faits atroces. Mais par-delà les horreurs, Paul tentait à nouveau de comprendre. Il posa une main à ses côtés, comme pour percevoir une chose qu'il savait disparue depuis longtemps. Il était maintenant seul au milieu de cette déchéance et n'en comprit pas de suite l'implication que causait cette perte. Peut-être était-il encore trop tôt pour réfléchir à une stratégie ou de penser à s'allier au mouvement. Ou encore trop tôt pour mourir...
Quand la nuit tombait sur la cité, plus rien ne ressemblait à ce qu'il était le jour levé. Une transformation qui en terrifiait plus d'un et qui pouvait en confondre d'autres qui auraient l'audace de vouloir être trop curieux. Il fallait s'y résoudre; le monde avait subi des changements radicaux. Dieu seul pouvait sortir le monde de cet enfer, si seulement il n'y était pour rien. La religion était devenue une friandise. Une consolation pour les âmes perdues. Paul se rappelait avoir été athée durant sa jeunesse. Son esprit voguait un peu partout dans l'imagination des fous mais pas suffisamment pour croire en un créateur tout puissant. Aujourd'hui encore il se sentait non croyant malgré la forte montée de pratiquants qui ne cessaient de remplir ce qui restait des églises. Le monde ne croyait plus qu'en l'absolution.


Quand sonna la sirène, le soleil avait complètement disparu. Les rares personnes encore dehors se ruaient dans ce qui leur semblait être un bon abri; ce qui restait d'un cabanon en bois, une voiture dont les roues avaient été retirées ou même dans des containers à ordures. Tout était bon pour se mettre en lieu sûr, aussi putride que soit l'endroit. Presque entièrement la ville venait de sombrer dans un état désertique. Paul lui, restait assis au milieu de nulle part. Son esprit vacillait dans un rêve trop loin pour qu'il ne puisse réagir. Un homme qui courait en boitant d'une jambe et dont l'allure faisait penser à un pantin désarticulé s'approcha de lui, la peur dessinée sur son visage :
- Pauvre fou, fuyez ! Ça se rapproche.
L'homme tenta de le tirer par le bras quand Paul releva la tête. Ses pensées s'envolèrent quand il comprit la gravité de la situation. Il se leva et observa cet étrange individu. Son regard était maintenant porté derrière son épaule. Seul un idiot n'aurait pas compris l'inquiétude du vieil homme.
- C'est trop tard... susurra-t-il.
Paul prit à son tour l'homme par le bras et le dirigea vers une ruelle étroite. Il regarda sa montre. Le verre était brisé à plusieurs endroits et l'aiguille des secondes avait été sectionnée, et quant au bracelet, le cuir qui le composait menaçait de céder à tout moment. Mais néanmoins elle indiquait toujours l'heure. Il était quasiment dix heures.
- On peut y arriver ! Cria Paul essoufflé.
Il ne tenta pas un regard furtif derrière lui de crainte d'être ralenti. Le vieil homme peinait à le suivre. Paul avait regrets à penser s'en débarrasser s'il venait à trop l'handicaper. Ce monde avait transformé la race humaine en un individualisme profond mais seul la loi du plus fort faisait qu'il y avait encore des survivants. On ne pouvait plus juger son prochain sans être soit même blâmé.
Le vieil homme se retourna. Une sorte de cri sourd sortit de sa voix tremblante. Paul ne daigna pas regarder derrière lui. Il n'avait d'ailleurs pour ainsi dire jamais croisé le regards de ce qu'on appelait ici les Ombres. Et rien n'y personne ne savait d'où ils venaient. Certains dirent qu'ils sont apparus avec le brouillard, quand les ténèbres voulurent trouver asile sur terre.
Paul regarda à nouveau sa montre. Plus qu'une minute, pensa t'il.
Ils passaient maintenant un carrefour. Les Ombres suivaient toujours. Quand le vieil homme observa une nouvelle fois, de crainte d'être rattrapé, il aperçu ces lumières fluorescentes qui constellaient à juste quelques mètres en arrière. Il ne pût dire combien ils étaient mais leur mouvements provoquaient un tumulte dans les rues silencieuses de la ville. Leur son ressemblait beaucoup à des os qu'on craquerait contre de l'acier.
- On arrive ! cria Paul comme pour rassurer le vieil homme, et sûrement se rassurer lui aussi. Tenez bon. A la prochaine intersection il faudra vous préparer à sauter.
le vieil homme grimaça, non rassuré à l'idée de devoir jouer les acrobates.
la rue qui suivait donnait directement sur les hauteurs de la ville, surplombant les nombreuses habitations. Plus aucune lumière n'éclairait ce qui restait de la Capitale sauf quelque incendie ou des brasiers épars sur la toiture des immeubles où se réfugiaient certains survivants. L'intérieur des bâtiments devenait trop insalubre, infecté d'insectes pernicieux qui vous rentre dans le corps et vous dévore de l'intérieur. Mais rien ne pouvait être pire encore que ce qui suivait Paul, qui cherchait une solution pour atteindre la grand-salle sans se tuer. Sauter était de loin l'idée la plus radicale. Les Ombres n'ont jamais volé et semblent être effrayés par le vide. Sauf que de là jusqu'à la grand-salle, plus de quinze mètres de hauteur les séparait. Le temps de réfléchir était maintenant résolu. Il leur fallait sauter. Les Ombres étaient suffisamment prêt. Le vieil homme tenta de se raccrocher à un lampadaire tordu mais Paul avait bien trop de force pour qu'il ne pût résister. La chute fut prodigieuse. Ils plongèrent droit sur une toiture en ferraille qui s'écroula sous leur poids. De là, ils atterrirent à l'intérieur d'un foyer abandonné, sur le plancher ondulé de ce qui devait être autrefois une salle-à-manger. Tout le meublé avait disparu, ainsi que les propriétaires de ce lieu. Par chance, aucun des Ombres n'étaient présents dans l'enceinte, malgré le bruit qu'ils avaient causé de par leur chute vertigineuse. Le vieil homme était lui aussi bien vivant mais il poussait maintenant d'horribles cris de tortures. Quand Paul s'approcha pour l'examiner il ne pût voir ce qui le faisait tant souffrir. À tâtons dans la pièce, Paul chercha de quoi fabriquer une torche et trouva un ballet qu'il brisa en deux parties succincte et y accrocha au bout de l'un d'eux un chiffon poussiéreux. Cela fera l'affaire ! songea-t-il en sortant un paquet d'allumettes de la poche inférieure de sa veste. Il en craqua une et tenta de faire prendre au chiffon. Les premières tentatives échouèrent médiocrement.
le vieil homme continuait d'hurler. Pour tenter de soulager la douleur il prit une longue rasade de bourbon logé dans une flasque, qu'il extirpa de la poche arrière de son jeans. Mais l'effet fut bref. Quasiment instantanément, il se remettait à hurler de plus belle. Ce ne sera que lorsque la flasque fut pratiquement vide que le vieil homme cessa d'hurler. A la place il se mît à chanter. Dans l'obscurité Paul trouva comment faire prendre le chiffon quand elle se refléta à un fin rayon de lumière qui traversait une fenêtre - barricadée à l'aide de planches en bois -, entre les mains ridées et tremblantes du vieil homme. Il s'approcha de lui et saisie la flasque, lui décrochant non sans difficulté tandis qu'il essayait d'ingurgiter les dernières gorgées. Mais il ne réagit pas quand Paul lui prit des mains, si ce n'est en poursuivant ses élucubrations à mi-voix.
Paul versa ce qu'il restait de bourbon sur le chiffon, de sorte qu'il imprègne bien tout le tissus puis, d'un geste simple, craqua une de ses dernières allumettes et fit prendre feu au chiffon. Il dû insister un moment jusqu'à se cramer le doigt avant que la première flamme n'apparaisse sur le tissus, et se répande en son intégralité, lui procurant maintenant suffisamment de lumière pour voir ce que l'obscurité cachait tout autour de lui. Et il pût donc examiner le vieil homme. En s'approchant il remarqua que son état s'était stabilisé; il était passé du malade hurlant et plaignant au fou prit de folie, jusqu'à un état de sérénités troublante. Il posa néanmoins une main sur son épaule afin de constater s'il était conscient ou non. Le vieil homme répondit d'une grimace.
- Où avez-vous mal ? demanda Paul. Laissez-moi vous examiner.
- Tout va bien mon garçon, il me faut juste me reposer un instant.
Un son étrange retentit alentour.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée pour nous de rester ici.
- Nous sommes en lieu sûr au moins dans cette maison, ajouta le vieil homme en pressant un bandeau sur sa jambe. Je ne retournerai sûrement pas dehors et je pense qu'il en serait de même pour vous, du moins si vous n'êtes pas assez bête pour vouloir vous faire tuer. Vous savez, j'en ai déjà croisé de ces créatures. La peur elle même les craindrai.  Elles ont les yeux du diable ! Ici au moins on aura pas à les affronter.
- Le problème n'est pas là. Vous ne remarquez donc rien ? Il n'y a strictement personne qui squatte cet endroit.
- Et où est le problème. Ne nous plaignons pas d'avoir plus de place.
- Je l'ai remarqué juste avant qu'on ne saute. Du haut de la falaise j'ai aperçu grand nombre de gens sur les toitures voisines. Il est vrai qu'en hauteur on ne risque absolument rien mais en plein mois de février il serait préférable de trouver refuge dans un lieu abrité du froid. Et jusqu'à présent il n'est laissé aucun endroit susceptible de faire un bon abri.
- Sauf les endroits infectés... poursuivi le vieil homme avec une angoisse dans le son de sa voix. Passez-moi la torche je vous prie.
Paul l'a lui tendit, incrédule. Il l'attrapa, la fit pivoter de droite à gauche puis l'a jeta loin en avant. Elle vola puis atterrît brutalement au sol en roulant, jusqu'à être arrêtée en heurtant un obstacle.
- Voilà d'où venait l'odeur, déclara le vieil homme d'un ton tremblant.
Devant eux se trouvait, à quelques mètres, toute une famille. Les parents étaient adossés au mur tandis que les enfants, deux petites filles semblait-il, étaient allongées sur les genoux de leur mère qui les retenait d'une main comme pour les protéger d'une menace. Le portrait était horrifique, de plus qu'on ne discernait plus leurs corps. Cela ressemblait à une décomposition avancée mais ça n'en était pas. C'était comme si on les avait dévoré de l'intérieur, excepté la peau et les os. Des orifices constellaient leur peau, sûrement là où ils étaient entrés, ne leur laissant aucune échappatoire et succombant à une mort lente et douloureuse.
Un bruit retentit dans la pièce d'à côté.
Paul s'avança lentement jusqu'à la torche et la ramassa. Le chiffon continuait de prendre feu. Il tenta de faire abstraction de l'horreur qui s'affichait à ses côté et de l'odeur putride qui s'en dégageait, puis s'en alla en direction du couloir. Un courant d'air le traversa, ce qui fit frissonner Paul tandis qu'il examina sa montre. Il n'était pas encore onze heures. Il restait sept heures avant le lever du jour.
Les bruits s'accentuaient. On aurait dit qu'une horde de rongeurs grouillait sous le plancher. Mais si ce ne fut que ça, Paul n'aurait pas eu à s'inquiéter, tandis qu'en cet instant il s'enfonçait dans l'obscurité du couloir. Au bout donnait une nouvelle pièce dont la porte était entrouverte. Une fine brise s'infiltrait en travers. Paul la poussa délicatement, ce qui la fit grincer. Il n'eut pas le temps de découvrir ce qui se cachait derrière qu'un hurlement retentit. Paul reconnu là le vieil homme et accourut jusqu'à la salle-à-manger. De là, il le découvrit à quatre pattes les yeux fixés au plafond.
- Mais qu'est ce qui vous prend ? s'écria Paul.
Puis il observa à son tour le plafond. On ne voyait rien mais on comprenait très bien ce qui provoqua la stupeur du vieil homme.
- La maison en est infectée, marmotta ce dernier.
Paul leva la torche. On ne distinguait plus du plafond qu'une tâche noire mouvante et qui, en se déplaçant ça et là au dessus de leurs têtes, provoquait le son de milles griffes se baladant sur un plancher de marbre.
Ils n'avaient désormais plus le choix que de fuir. Paul tenta de lever le vieil homme qui se remit à hurler de plus belle.
- Courage, lui dit-il. Il nous faut sortir au plus vite.
Mais le visage du blessé laissait incrédule le fait de croire un instant qu'il pourrait s'en sortir une fois sortit.
- Non loin d'ici je connais un endroit où nous pourrions passer la nuit, poursuivi Paul. Ce n'est qu'à trois rues d'ici et avec la torche on n'a une chance de faire fuir l'ennemi.
En disant ça, il se rendit vite compte de son optimisme hasardeux. La dernière des solutions serait de l'abandonner au premier carrefour et de le laisser se faire dévorer par les Ombres. Il ne pouvait pas se permettre de mourir avant de l'avoir revu. Et perdu dans ses pensées, Paul sortit un médaillon qu'il logeait au haut de sa chaussette. L'objet avait une beauté pure et singulière malgré son dépérissement. Du bout du doigt il caressa l'armature en acier trempé qui formait des oscillations autour d'un cercle en or.
la lumière produite par la torche s'affaiblissait. Paul rangea l'objet et se précipita vers la sortie. Le vieil homme suivait péniblement. Mais une fois devant ce qui paraissait être la porte d'entrée - en fer forgé, grouillant de serrures - Paul remarqua qu'elle ne s'ouvrait pas. Il déverrouilla pourtant toutes les serrures, tourna la poignée en tout sens, tira en avant, en arrière, lui assena des coups de pieds mais rien n'y faisait. La porte ne bougea pas.
- Il ne nous faut pas traîner, lança le vieil homme inquiet. Je sens que ça se rapproche.
Effectivement, le bruit s'amplifiait.
- Nous ne pouvons pas passer par la fenêtre du salon. Elle donne directement sur la mer et vu votre état, il vous serait impossible de nager. Mais quand j'ai passé le couloir, en arrivant dans la pièce du fond j'ai sentit un vent frais. Il doit donc y avoir une ouverture.
- Mais cela veut dire... Qu'on doive faire tout le chemin jusqu'au bout du couloir...
- Exact.
- On n'y arrivera jamais sans se faire tuer. Je m'y résout à te suivre. J'attendrais ici, caché dans le hall avec pour seule arme cette torche et j'attendrais le lever du jour. Si tu veux perdre bêtement la vie alors je te laisse y aller mais jamais tu ne me feras te suivre là où règne le danger.
Paul ne pouvait décemment pas le laisser seul ici. De plus, il ne donnait pas plus d'une heure avant que la torche ne s'éteigne et ne le laisse dans le noir le plus total. Et sans cette torche il lui était impossible de regagner la sortie.
- Pauvre fou ! Jeta Paul en lançant au vieil homme un regard sombre. Si nous ne sortons pas immédiatement de là, nous allons finir comme cette famille !
Mais la réaction du vieil homme ne fut pas celle attendue. Il se mit à sangloter. La scène était pathétique.
- A quoi bon survivre ? Il n'y a rien pour moi dehors. J'attends tous les soir, caché dans Dieu sait quel immondice, que le jour se lève. Mais en fin de compte les choses ne sont pas si différentes une fois l'aube apparue. Certes, je ne craints plus les horreurs de la nuit mais le jour, se sont mes démons qui me rongent.
Paul s'assit contre le mur, écoutant avec intérêt ce que contait si tristement cet homme déchu. Dans sa voix résonnait une intonation sincère et touchante.
- Pour survivre j'ai dû ôter la vie à bons nombre de personnes, ajouta-il les yeux en larmes. Le premier jour du chaos j'étais au boulot. Je bossais en tant qu'assistant manager sur une plateforme pétrolière. Quand ça s'est passé nous étions totalement coupé du monde. Et nous sommes resté 36 semaines coincé sur cette fichue île de ferraille. Seulement 3 semaines après, les vivres ont commencé à manquer. Le mois suivant on venait à pêcher mais ce n'était pas suffisant. Puis quand le premier contact radio fut établie avec le monde on comprit que plus aucun espoir n'était possible et que sûrement, nous étions plus en sécurité sur la plateforme que sur terre. Les jours qui ont précédé ont sûrement été les pires. On commença à perdre des hommes. Pour certains c'était une tragédie mais pour d'autre, une nouvelle façon de se nourrir. Moi qui n'avait jamais apprécié une viande trop saignante me voilà en train de dévorer la chair de mon compagnon de chambre. C'était en hiver et on n'avait pas de quoi faire chauffer la viande, mais le froid permettait de la conserver. Au bout d'un moment c'était devenue une banalité que de cuisiner les nouveaux morts. Puis arriva le moment où le groupe devint réduit. De ma vie, je n'avais jamais vu une telle haine dans le regard d'une personne, comme si rien ne pouvait les empêcher d'agir. Cette bestialité... Je tenais parfaitement sur mes jambes et j'étais le seul à savoir découper la viande, ce qui me permit de rester en vie. Mais quand nous nous retrouvîmes plus que trois, c'est là que les choses changèrent. La solitude s'empara de chacun de nous. Personne n'adressa la parole à un autre et on continua ce petit jeu du temps qu'il nous restait de quoi nous nourrir. Mais une nuit, pendant que je somnolais dans la pièce qui avant le drame nous servait de salle de repos, j'entendis un cri. Ce n'était pas le cri poussé par une personne qui avait vu quelque chose qui lui fait peur, non, ça ressemblait plus à un déchirement. Le bruit me glaça le sang mais ce fut bref. Je préférais m'enfermer dans la pièce ou je me trouvais et attendre la nuit passée. Sauf qu'un long moment après, on tenta de pénétrer dans la salle de repos. J'étais horrifié et il m'était impossible de bouger. Je savais très bien ce qui venait de se produire. Luke abattit le dernier et savait que la dernière manche se passerait entre lui et moi et, tant qu'à finir le boulot une bonne fois pour toute, se dit qu'il allait m'abattre le soir même. Avec le peu de ration qu'il nous restait, les quelques médiocres poissons péchés la veille et nos deux cadavres, il en aurait pour deux à trois semaines de survie. Puis la porte s'ouvrir. Je ne sais pas comment lia pu trouver les clés mais il réussira entrer. Pour me préparer à une défense je n'eu le temps que de me cacher derrière une banquette, armé d'une lampe torche. Il entra. Je ne distinguait pas son visage, juste sa silhouette qui s'avançait lentement en regardant dans les moindres recoins. Il me cherchait pour en finir avec, ça ne faisait aucun doute. Il me fallait agir vite. J'ai donc empoigné la lampe et, discrètement, je me suis levé de ma cachette. Il se trouvait immobile devant moi. Je n'avais que deux pas à faire pour l'atteindre. En réalité, je n'ai jamais été une personne très courageuse; les conflits m'effraie, l'aversion est ma plus grosse crainte... Mais je n'ai jamais eu peur de mourir. La mort a toujours été pour moi une chose naturelle. Si la naissance est une chose magnifique alors pourquoi n'en serait-il pas de même pour notre mort.
Paul ne voyait désormais plus que dans le regard du vieil homme une étincelle qui lui donnait une âme. Il ne voyait plus qu'en lui le sentiment d'une vie meilleure.
- Et je l'ai abattu, poursuivi-t-il dans un court sanglot. Je ne lui ai pas laissé une chance. Je lui ai porté un coup violent au niveau de la nuque. De là, je savais que ça l'immobiliserai. Par la suite, il s'est effondré au sol et poussa quelques convulsions. Il tenait une photo dans sa main droite qu'il ne lâcha pas malgré l'importance de sa crise qui se termina néanmoins très rapidement. Je l'attrapa et reconnu ce visage enjôleur. Je mis néanmoins un instant avant de comprendre. En retournant son corps je compris mon erreur. Je venais de tuer Nils et, du me coup, une chance pour lui de revoir un jour son fils. Son visage était couvert de sang. Il devait avoir tué Erik et me cherchait pour trouver une solution. Il n'était vraiment pas méchant. Jamais il ne m'aurait fait de mal. Tout ce qu'il voulait s'était de rentrer pour retrouver sa femme ainsi que son gosse. On en eu parlé de nombreux soirs depuis le drame, chaque fois les yeux emplis de tristesse et d'obstination. Il y croyait et dans ce fait, quelque part, j'y croyais aussi. Par la suite j'errai sur cette prison flottante en attendant qu'on vienne me chercher. Je ne pu lâcher la photo de cet enfant.
En disant cela, dans une synchronisation parfaite, il sortit la photo et la contempla un instant sans dire un mot. Paul n'osa pas en placer une, jusqu'à ce que le vieil homme lui tendit la photo.
- Garde la précieusement. Je te la confie. Je ne pense pas m'en sortir et je m'en voudrais qu'il ne connaisse jamais la vérité. Je suis sûr que quelque part il est toujours en vie.
Sans trop savoir pourquoi, Paul laissa s'échapper une larme. Du revers de la main il l'essuya de peur que ça se remarque. Puis il attrapa la photo pour la ranger dans sa poche. Le vieil homme se laissa aller dans une plénitude, la tête tombant en avant, jusqu'à ce que le bruit réapparut. Paul ne sut pas quoi faire. Il se pencha pour ramasser la torche quand un bras le retint. Il l'était maintenant nez à nez avec Xander. Une toiture se dessinait sur son visage puis, dans un souffle profond, ce fut comme si son âme s'évaporait. Paul retira son bras et contempla la scène. Le vieil homme était infecté. C'était comme des mille pattes mais plus petits et ronds. Ils grouillaient sur lui avant de s'infiltrer en lui. Là où se trouvait le bandeau qui couvrait sa blessure laissait place à une fracture ouverte. L'infection se répondit d'abord par cette ouverture et en un temps Record se mît à tout ronger. Puis ils passèrent par les orifices du visage. On aurait dit que l'intérieur de son corps était rempli d'eau mouvante, formant des vagues sous sa peau fripée.
Paul brandit la torche et accourut jusqu'au couloir, suivit par le bruit qui semblait maintenant le poursuivre. Il en fit abstraction et poursuivi par le couloir et, une fois arrivé dans la pièce du fond, claqua la porte. La pièce n'était pas bien grande et comme les autres, elle ne contenait aucun meubles, si ce n'est une chaise posée en bas de la fenêtre. Il avança vers l'embrasure et tenta de retirer les planches qui barraient la vitre. Derrière la porte résonnait le son menaçant des insectes. Les premières planches cédèrent mais les autres furent trop durent à arracher. Il tenta néanmoins de se glisser entre deux planches étroitement liées. Après un long effort il sortit son corps jusqu'à la taille. Derrière, la porte céda sous la pression des insectes. En tombant sur le parquet ancien, un nuage de poussière s'éleva dans l'air humide de la pièce. Les insectes formèrent un tapis noir et putride qui se déplaça jusqu'à la fenêtre. Paul réussi à sortir et tomba au sol, s'écrasant sur le dos.
L'air était frais dehors. Paul reprit son souffle, le regard fuyant vers la lune jaunâtre qui se donnait au dessus de la mer agitée. Puis s'éleva dans les airs cette ombre nuisible que Paul reconnue. Elle était maintenant juste devant lui et semblait l'observer. Son souffle se coupa net et il resta comme paralysé. Fuir était devenu impossible. Et une dernière fois il revu son visage avant de sombrer dans l'oubli.
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